Toujours attiré par les belles couvertures des éditions Zulma, on prend le livre comme ça, sans chercher à en savoir plus.

On se met à le lire, un peu mystifié par le titre en anglais, pour réaliser qu'il s'agit plutôt d'un roman chinois traduit en français.

À la fois ébloui et estomaqué par le style (incroyablement contemporain), l'histoire (quelques mois dans la vie de Sixième Soeur, jeune divorcée, dans le Shanghai et le Hong Kong de 1941), la pléthore de personnages, la subtilité des émotions, on retourne à la couverture.

On s'interroge. Et on constate qu'il s'agit là du tout, tout premier roman d'Eileen Chang, écrivaine chinoise mythique exilée aux États-Unis en 1955 (où elle est morte 40 ans plus tard), que ce livre rédigé en 1943 semble pourtant tout frais écrit, qu'il est enfin traduit en français 70 ans plus tard, qu'on y trouve des personnages féminins étonnants de justesse (le court roman est suivi d'une nouvelle, parmi les préférées d'Eileen Chang), et que tout un pan de l'histoire de la Chine du XXe siècle, celle d'avant l'arrivée de Mao, s'y trouve, l'air de rien...