C'est un Chevalier anglais anobli par la reine qui rejoint jeudi l'Académie française: premier «Immortel» d'outre-Manche, Michael Edwards, poète, critique littéraire, traducteur et écrivain franco-britannique, sera reçu en grande pompe, en habit vert et épée de cérémonie au côté.

Sir Michael depuis peu, ce gentleman parfaitement bilingue marié à une Française, docteur de l'Université de Cambridge et Officier de l'Empire Britannique, a écrit une grande partie de son oeuvre dans la langue de Molière. Il a été élu le 21 février 2013 au fauteuil de l'écrivain français Jean Dutourd.

Selon la tradition de la vénérable institution, il fera jeudi l'éloge de celui qu'il remplace, décédé le 17 janvier 2011.

«Je suis très heureux de devenir académicien et mes compatriotes anglais sont très fiers. Un «British» a forcé les portes de l'Académie française! C'est une sorte de victoire pour les Anglais!», dit-il à l'AFP avec humour.

«La reine m'a anobli en partie à cause de ça. Et Elizabeth II va m'adouber en juin à l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris, à l'occasion de sa visite en France pour les célébrations du 70e anniversaire du Débarquement», confie Sir Michael.

Ce spécialiste de Shakespeare, Racine et Rimbaud avait été candidat à trois reprises à l'Académie. En 2002, il a aussi été le premier Britannique élu au prestigieux Collège de France, où, par un juste retour des choses, il a fait entrer l'auteur de Hamlet.

Né à Barnes, près de Londres, le 29 avril 1938, d'une mère de lointaine ascendance normande et d'un père on ne peut plus anglais, Michael Edwards a passé sa vie entre la France et l'Angleterre et bénéficie de la double nationalité.

Passant des bords de la Tamise aux rives de la Seine, il arrive ainsi à l'Académie, où aucune condition de nationalité ne figure dans les statuts. Michael Edwards rejoindra notamment le franco-libanais Amin Maalouf, le franco-belge François Weyergans, l'algérienne d'expression française Assia Djebar ou le canadien né en Haïti Dany Laferrière, élu fin 2013 à l'Académie.

«Certains britanniques envient l'Académie française. Ils aimeraient avoir aussi une institution qui défende la langue anglaise, notamment contre les américanismes», assure Michael Edwards.

Michael Edwards utilise dans son oeuvre poétique le français et l'anglais, parfois les deux dans un même ouvrage, comme dans «Rivage mobile». Dans la revue Prospice, qu'il fonde en 1973, et dans le Times Literary Supplement, il s'est toujours efforcé de créer des passerelles entre poésies française et anglaise.

Auteur de nombreux ouvrages, il a publié récemment L'étrangeté (2010), Le bonheur d'être ici (2011) et, en 2012, Le rire de Molière et Paris aubaine.