«C'est un miracle, un conte de fée!», s'exclame Jean-Paul Didierlaurent, auteur du Liseur du 6h27, un premier roman enchanteur, plein d'humour et de poésie du quotidien, déjà acheté dans 25 pays et qui suscite la gourmandise des producteurs de cinéma.

Les droits de ce «feel-good book» plein d'humanité, itinéraire d'un littéraire solitaire sauvé par l'amour, publié au Diable Vauvert, ont aussi été acquis en France par Folio au terme d'une bataille entre éditeurs de poche avant même la sortie grand format.

«Quand j'ai appris que des maisons d'édition espagnoles se disputaient les droits, je n'en revenais pas. Puis, en quelques semaines, cela a pris une ampleur incroyable», explique à l'AFP Jean-Paul Didierlaurent, un «novice», qui s'avoue «sur un petit nuage. Un tel enthousiasme pour le manuscrit d'un inconnu, c'est très rare, m'ont assuré les pros».

«Chaque jour, ou presque, je recevais un email de Marion (Mazauric, directrice du Diable Vauvert), m'annonçant une nouvelle vente de droits à l'étranger, avec enchères dans certaines langues. Des producteurs américains l'ont également contactée pour les droits d'adaptation audiovisuelle», s'émerveille cet employé de l'opérateur téléphonique Orange de 52 ans à la carrure vigoureuse, «la tête dans les étoiles», dit-il, mais profondément ancré dans sa terre natale des Vosges, dans l'est de la France, dont il conserve l'accent et où il vit.

«Le cinéma, j'en rêve. J'adorerais que mon livre soit adapté et participer au scénario. Beaucoup m'ont dit que le roman leur évoquait les films de Jean-Pierre Jeunet. Pour moi, c'est un sacré compliment. J'ai fait du Jeunet sans le savoir! Et si le réalisateur d'Amélie Poulain s'intéressait au livre, ce serait un nouveau miracle», relève Jean-Paul Didierlaurent, deux fois lauréat du Prix Hemingway pour ses nouvelles.

«Boulot de bourreau»

Avec une écriture très cinématographique, Le liseur du 6h27 raconte d'une plume légère et joliment loufoque l'histoire de Guylain Vignolles, un nom «à la con», assure le personnage, objet d'une contrepèterie malheureuse: Vilain Guignol.

Guylain, qui a appris «en 36 ans d'existence à devenir invisible pour ne plus déclencher les rires et les railleries», vit seul avec son poisson rouge Rouget de Lisle, son seul confident, avec un vieil ami cul-de-jatte. Le trentenaire est préposé au pilon des livres invendus: «une barbarie», selon lui.

Chaque jour, cet amoureux des mots sauve quelques pages de la broyeuse et les lit à voix haute dans le RER de 6h27 qui l'emmène à son «boulot de bourreau». Un matin, il trouve dans le RER une clé USB contenant le manuscrit d'une inconnue dont il va tomber amoureux. Guylain lit aux passagers le texte de la jeune femme, dame pipi à la verve féroce, découvre-t-il, et n'aura de cesse de retrouver cette âme soeur...

Initialement prévue le 13 mai, la sortie du roman a été avancée d'une semaine en raison de l'enthousiasme des libraires. Le premier tirage de 8000 exemplaires a été épuisé face à la demande, 5000 ont été réimprimés et une nouvelle fournée doit être rapidement commandée.

«Le succès du roman va peut-être changer ma vie», reconnaît l'écrivain qui a rédigé Le liseur en deux mois grâce à une résidence d'auteur. «Dans un premier temps, je vais prendre une disponibilité. Puis j'espère pouvoir ne faire que ça, écrire, ma passion», confie Jean-Paul Didierlaurent.