«En matière de livres, les Français ont toujours été franco-français mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras...»

Monique Simard a participé hier au Salon du livre de Paris à l'inauguration du stand de Québec Édition de l'Association nationale des éditeurs de livres. Jusqu'au 24 mars, la prestigieuse rencontre accueillera plus de 200 000 visiteurs. Comme première grande sortie «livres» en dehors du Québec, la nouvelle présidente et directrice générale de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), ne pouvait mieux tomber.

«La compétition, on le sait, est féroce à Paris même», nous a dit Mme Simard mercredi, quelques heures avant de s'envoler pour la capitale française où, comme ceux du Québec, les éditeurs de 35 pays tenteront de mettre en valeur, de trouver des débouchés pour leurs titres, dans l'effarante multitude de l'édition française. «Depuis 20 ans, le Québec a sa librairie à Paris [rue Gay-Lussac, 15 000 titres, librairieduquebec.fr]. Cette présence indispensable a toujours constitué la première réponse au défi français. Notre présence au Salon du livre est tout aussi importante.»

Mme Simard explique que la mission de la SODEC, dans le marché du livre, est d'assurer la diversité de l'offre et son accessibilité. «Comme la musique a besoin de Karkwa et de Walter Boudreau, le livre, pour rejoindre tous ses publics, doit pouvoir compter tant sur des auteurs populaires comme Marie Laberge que sur des essayistes comme François Ricard.»

Dans un monde où, par ailleurs, la dimension numérique bouleverse toutes les habitudes, tant dans le commerce que dans l'acte même de lire, et où se constate une baisse générale de la lecture, tous supports confondus. «Nous sommes conscients des dangers qui guettent les petites librairies», dira encore Mme Simard en rappelant que la SODEC (alors dirigée par François Macerola) s'était prononcée pour une réglementation du prix du livre.

Pas une solution miracle

La nouvelle PDG de la SODEC sait bien que le «prix unique» ne réglerait pas tous les problèmes et qu'il faut regarder la problématique du livre dans la plus vaste des perspectives. «Nous allons revoir l'ensemble de nos pratiques en fonction du nouvel environnement numérique dans lequel, il faut le souligner, le livre a fait figure de pionnier, au Québec.»

Dans leur marché «domestique», les maisons d'édition québécoises ont un chiffre d'affaires annuel de quelque 800 millions de dollars, supérieur à celui de la musique et de la scène. Les exportations totalisent 35 millions, dont 10 millions vers la vieille France.

Plus de 40 éditeurs québécois à Paris

Le Salon du livre de Paris, qui s'ouvre aujourd'hui, accueillera une importante délégation québécoise. Quarante-quatre éditeurs seront au stand de Québec Édition, qui a été inauguré hier soir en présence de Monique Simard, du délégué général du Québec à Paris, Michel Robitaille, et du président de l'Association des éditeurs de livres, Jean-François Bouchard.

Parmi la vingtaine d'auteurs présents cette année, notons le nouveau membre de l'Académie française Dany Laferrière, qui participera également à des tables rondes. Marie Hélène Poitras, prix France-Québec 2013 pour Griffintown, a quant à elle reçu officiellement son prix hier soir lors du cocktail inaugural, et amorcera ensuite la tournée française qui y est associée.

La présidente de l'Association France-Québec, Corinne Tartare, a par ailleurs dévoilé les nominations pour 2014: il s'agit de Catherine Leroux pour Le mur mitoyen (Alto), Audrée Wilhelmy pour Les sangs (Leméac) et Marie Larocque pour Jeanne chez les autres (Tête première). La gagnante sera connue à l'automne 2014. - Josée Lapointe