De santé fragile à 82 ans passés, Alice Munro n'a pu venir à Stockholm pour recevoir le prix Nobel de littérature, mais elle a envoyé à l'Académie suédoise une vidéo où on l'entend traiter son art avec beaucoup d'autodérision.

Mme Munro a préenregistré cette entrevue depuis sa maison à Victoria, en Colombie-Britannique.

À la question «qu'est-ce qui est le plus difficile quand vous racontez une histoire», la femme de lettres canadienne répond: «Une fois que j'ai terminé mon histoire et que je me rends compte à quel point elle est mauvaise»!

Intitulé Conversation Nobel avec Alice Munro, l'enregistrement de ses réponses données sur un ton plein d'humour à la chaîne publique suédoise SVT a été diffusé samedi par l'Académie.

L'auteure anglophone souhaite que les lecteurs de ses nouvelles soient si fortement touchés qu'une fois l'histoire terminée, ils se sentent différents.

Quand on lui demande si elle s'imaginait gagner un jour le Nobel, la réponse fuse: «Oh non! (...) J'apprécie cet honneur, mais je n'y ai jamais vraiment songé».

Pourtant, son nom était régulièrement cité ces dernières années parmi les candidats les plus sérieux.

Pour la première fois en 112 ans, l'Académie suédoise récompense un auteur qui n'écrit que des nouvelles.

La cérémonie de la remise du prix Nobel de littérature se déroulera mardi en présense de la fille d'Alice Munro, Jenny.

Depuis La Danse des ombres heureuses à Trop de bonheur, en passant par Les Lunes de Jupiter ou Chère Vie, son dernier recueil publié en 2012, Alice Munro a offert à cette forme littéraire de nouvelles lettres de noblesse.

- Avec La Presse Canadienne