Le Prix Goncourt des lycéens a été attribué jeudi à l'écrivain et journaliste Sorj Chalandon pour Le quatrième mur, récit bouleversant de l'utopie d'un metteur en scène qui veut monter Antigone à Beyrouth, en pleine guerre du Liban, et se retrouve au coeur de l'enfer.

Publié chez Grasset, Le quatrième mur a été élu au premier tour devant L'invention de nos vies (Grasset) de Karine Tuil et Le cas Eduard Einstein (Flammarion) de Laurent Seksik.

«Je suis touché et fier pour le livre et d'autant plus touché que ce prix est pur et cristallin», a réagi Sorj Chalandon. «C'est l'une des plus belles choses que vous pouviez me faire à moi et tout ce que j'ai dans le ventre et dans le coeur et tout ce que j'y ai mis et tout ce que j'ai fait pour oublier. C'est un baume», a dit l'écrivain, dont le roman se déroule durant les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth en 1982.

«Je suis désolé, je vous ai fait partager des choses qui sont dures, mais j'en avais marre d'être seul dans ces choses-là. C'est comme si j'avais un sac de pierres, je vous ai donné une pierre à chacun, et pour moi, le sac va être moins lourd», a-t-il ajouté.

Né le 16 mai 1952, journaliste à Libération de 1973 à 2007 et au Canard enchaîné depuis 2009, Sorj Chalandon a reçu le prix Albert Londres en 1988 pour ses nombreux articles sur l'Irlande du Nord et sa couverture du procès Klaus Barbie.

Dans Le quatrième mur, le narrateur, Georges, tente de monter à Beyrouth une représentation unique de l'Antigone de Anouilh, dans laquelle Créon serait chrétien, Antigone palestinienne, Hémon serait Druze. Une heure de répit. Ce ne serait pas la paix, juste un instant de grâce. Un éclat de poésie et de fusils baissés...

Mais la guerre est la plus forte. Sorj Chalandon décrit l'horreur, la violence de Sabra et Chatila. Et les images insupportables des massacres dans les camps palestiniens hanteront longtemps le lecteur.

Créé par la Fnac, société spécialisée dans la distribution de produits culturels, et le ministère français de l'Education nationale, le Prix Goncourt des lycéens est choisi chaque année par 2000 élèves qui font leur choix parmi les 14 romans sélectionnés par l'Académie Goncourt.