Comme Perrine Leblanc en 2011 pour L'homme blanc, Stéphanie Pelletier de Métis-sur-mer a reçu aujourd'hui à Toronto le Prix du Gouverneur Général pour son premier livre, Quand les guêpes se taisent, recueil de nouvelles publié chez Leméac.

«Je mentirais si je disais que je ne sens pas la barre plus haute», a déclaré la lauréate à La Presse Canadienne qui lui demandait si un tel prix n'augmentait les attentes pour une oeuvre subséquente. «Ça met une pression, mais en même temps, quand on écrit, on le fait parce que c'est essentiel. En tout cas en ce qui me concerne, ça l'est. Je ne pense pas que je serais une femme aussi heureuse si je n'avais pas l'option de m'exprimer par l'écriture.

René Lapierre a remporté pour sa part le «GG» de poésie pour son recueil Pour les désespérés seulement, oeuvre publiée aux Herbes rouges où, sous la forme d'un traité de botanique,  s'entrelacent prose et poésie. Et bien au-delà des herbiers... M. Lapierre, professeur de littérature à l'UQAM, complète ainsi une belle virée, lui qui avait reçu le prix Estuaire-Bistro Leméac 2012 puis, en septembre dernier, le prix Alain-Grandbois de l'Académie des lettres du Québec. 

Par ailleurs, le jury du prix de l'essai a choisi Aimer, enseigner d'Yvon Rivard, un pilier du Boréal  qui vient de prendre sa retraite de l'Université McGill, après 35 ans d'enseignement de la littérature. Aimer, enseigner - notez le poids de la virgule -, s'attaque au problème toujours actuel des relations entre l'étudiant(e) et le maître, surtout celui qui «détourne vers lui-même et à son profit le désir d'infini qu'il a éveillé ou nourri chez l'élève». Dans le style exigeant qu'on lui connaît, Yvon Rivard s'attaque ici à ces profiteurs qu'il considère tant comme des «prédateurs sexuels» que comme des «fossoyeurs intellectuels». Pour M. Rivard, ce deuxième prix du Gouverneur Général arrive 27 ans après son premier qu'il avait remporté en 1986 pour son roman Les silences du corbeau (Boréal).

Dans la catégorie théâtre, la lauréate 2013 est Fanny Britt pour Bienveillance, portant sur les tensions urbain/rural du Québec actuel. Jouée l'automne dernier à l'Espace Go dans une mise en scène de Claude Poissant, Bienveillance sera de nouveau présentée à Montréal au début de 2014 dans le cadre du programme «Conseil des arts de Montréal en tournée».

Preuve de son vaste talent, Fanny Britt était aussi finaliste  dans la catégorie jeunesse pour le texte de Jeanne, le renard & moi (La Pastèque), titre pour lequel Isabelle Arsenault a gagné le prix Littérature jeunesse - Illustration. La lauréate du prix jeunesse - texte est Geneviève Mativat, auteure de À l'ombre de la grande maison, publié chez Pierre Tisseyre.

En traduction de l'anglais au français, Sophie Voillot est allée quérir son troisième GG pour L'enfant du jeudi d'Alison Pick, publié au Boréal. Far to go, de son titre original, raconte la saga du Kintertransport, un réseau qui a sauvé des milliers d'enfants juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Finalement, le prix de traduction du français à l'anglais est allé au Montréalais Donald Winkler pour The Major Verbs (Signal/Vehicule), traduction du recueil Les verbes majeurs du poète Pierre Nepveu (Le Noroît), finaliste de la catégorie poésie en 2010. Fait à noter: en 2004, la traduction du recueil Les lignes aériennes du même Pierre Nepveu avait valu à Judith Cowan et à la maison montréalaise Vehicule Press le GG de traduction du français à l'anglais. Quant à Donald Winkler, rappelons qu'il avait remporté ce même prix en 2011 pour la traduction de Partita pour Glenn Gould de Georges Leroux, véritable «tour de force» littéraire, avait soutenu le jury.

Chacun de ces lauréats a reçu une bourse de 25 000 $.

Avec l'apport de La Presse Canadienne.

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Pour la liste des lauréats anglophones, voir le site http://gglivres.conseildesarts.ca/