Le prix littéraire Goncourt a été attribué lundi à Paris à Pierre Lemaitre pour Au revoir là-haut, roman sur les démobilisés de la Première guerre mondiale, et le Renaudot est allé à Yann Moix pour Naissance, épais roman centré sur l'enfer des relations parents-enfant.

L'attribution des deux prix a été annoncée, comme le veut la tradition, au restaurant parisien Drouant.

Les jurés du Goncourt ne se sont mis d'accord qu'au douzième tour sur Au revoir là-haut, édité chez Albin Michel, époustouflant roman sur une génération perdue, les démobilisés de la Première guerre mondiale, sacrifiés par une France exsangue après quatre ans d'horreur dans les tranchées.

L'auteur, qui était l'un des favoris, a été choisi par le jury par six voix contre quatre à Frédéric Verger pour son premier roman, Arden (Gallimard).

En revanche, les jurés du prix Renaudot se sont mis d'accord dès le premier tour sur Naissance de Yann Moix, aux éditions Grasset, un ouvrage dense de près de 1200 pages qui débute par la venue au monde de l'auteur sous les insultes de ses parents.

Naissance a remporté 6 voix. Le reste des voix s'est réparti sur Étienne de Montéty pour La route du salut (Gallimard), Charif Madjalani pour Le dernier seigneur de Marsad (Seuil), et Romain Puértolas pour L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (Le Dilettante).

Avant l'annonce des prix, alors que journalistes et photographes se bousculaient, une petite dizaine de militantes du mouvement féministe La Barbe ont brièvement pénétré dans le restaurant Drouant pour lire un manifeste de protestation contre le manque de femmes dans les jurys et la liste des candidats.

«Messieurs de l'Académie Goncourt, La Barbe est à vos côtés pour célébrer la gloire du verbe masculin», a lancé une militante.

«Chers jurys du Goncourt, en 110 ans, et 109 prix remis, vous avez honoré 99 fois de mâles et talentueux écrivains», ironisait le mouvement sur son compte Twitter.

Le roman lauréat du Goncourt, créé en 1903 et qui représente le prix le plus ancien et le plus vieux, génère en général des ventes de 300 000 à 400 000 exemplaires en moyenne, soit un chiffre d'affaires de 6 à 8 millions d'euros. Auxquels peuvent s'ajouter des traductions et des enchères juteuses en format de poche.