À l'évocation du nom de l'écrivain britannique Rudyard Kipling, on imagine davantage des forêts tropicales, des mangoustes et des cobras que les vallons enneigés du Vermont.

Mais c'était bien dans ce décor nord-américain que certains de ses récits les plus populaires - dont Le Livre de la jungle - ont commencé à prendre forme.

Un groupe d'universitaires, la Kipling Society, a souhaité mettre au jour les liens méconnus de Rudyard Kipling avec le petit État américain en tenant pour la première fois son colloque à l'extérieur du Royaume-Uni.

«Kipling in America» se tient lundi et mardi au Marlboro College de Marlboro, au Vermont, non loin de la résidence américaine de l'auteur, à Dummerston, une petite ville située à quatre heures de route de Montréal.

Lors de ses quatre années passées au Vermont, l'écrivain, parmi les plus célèbres de l'empire britannique du XIXe siècle, a fait de la raquette, assisté à des danses dans des étables et fraternisé avec ses voisins. Il a vécu dans une maison en forme de bateau qu'il avait construite sur une colline, près de la rivière Connecticut.

«Je crois que le voisinage s'enorgueillissait de pouvoir compter Kipling parmi eux. Les gens étaient vraiment intéressés par son travail qu'ils respectaient plutôt que de lui tenir rigueur de son apparente réserve qui n'était par ailleurs pas fondée», a souligné lundi Thomas Pinney un professeur à la retraite du Pomona College de la Californie lors du colloque.

Rudyard Kipling a vécu à Dummerston entre 1892 et 1896, et il y a notamment écrit Rikki-Tikki-Tavi, l'histoire d'une mangouste qui sort victorieux d'une bataille contre deux cobras en Inde et réussit du même coup à protéger une famille d'humains. Il y a également écrit les autres histoires de sa série Le livre de la jungle. Il y a aussi créé les poèmes du recueil The Seven Seas et plusieurs nouvelles de The Day's Work et Many Inventions.

Les organisateurs du colloque espèrent revigorer la réputation de Kipling, qui a coulé en même temps que le déclin de l'empire britannique. «Nous entendrons parler de Kipling l'idéologue de l'impérialisme car c'est ce qu'il était. Il voyait l'Empire comme une grande force pour étendre le Droit et le Progrès», a dit la professeure Janet Montefiore, rédactrice en chef du Kipling Journal et directrice du symposium. Il était aussi un merveilleux raconteur d'histoire. Le plus émouvant au sujet de Kipling est qu'il manifestait de l'intérêt pour les gens.»

Un universitaire japonais, Kaori Nogai, qui a obtenu son doctorat de l'Université Kent en étudiant Kipling, a dit que plusieurs des sujets touchés par l'écrivain, il y a plus d'un siècle, demeurent pertinents de nos jours. «Il parlait de l'empire, il écrivain sur comment différents peuples provenant de différents continents devaient vivre ensemble. Il va devenir encore plus pertinent. Il n'était pas seulement un grand écrivain, il avait une vision de l'avenir.»