L'écrivain, économiste et humaniste espagnol José Luis Sampedro, devenu ces dernières années l'une des voix les plus respectées par le mouvement de protestation sociale des «indignés» en Espagne, est décédé à 96 ans.

«Il avait demandé à mourir sans tapage», a déclaré mardi sa veuve, Olga Lucas, à la radio Cadena Ser.

Défenseur d'une économie «plus humaine» et «solidaire», l'intellectuel est décédé dans la nuit de dimanche à lundi et a été incinéré mardi matin, a-t-elle précisé.

«De lui, je voudrais que l'on retienne sa vitalité, sa dignité et son esprit de combat», a ajouté Olga Lucas.

Né en 1917 à Barcelone, dans le nord-est de l'Espagne, José Luis Sampedro fut aussi maître de conférence, sénateur et, depuis 1990, membre de l'Académie royale espagnole.

Parmi ses romans les plus connus figurent Le sourire étrusque (1985) et La vieille sirène (1990), Escribir es vivir (2003) ou encore La ciencia y la vida (2008).

Malgré son grand âge, l'écrivain était devenu l'une des figures de référence, très appréciée, du mouvement des «indignés», apparu en Espagne en mai 2011. Assis sur une chaise pliante, il avait même participé à Madrid à l'une des assemblées de quartier devenues emblématiques du mouvement.

Il était l'auteur du prologue de l'édition espagnole du livre Indignez-vous (2010) de l'ancien résistant et diplomate français Stéphane Hessel, décédé fin février à l'âge de 95 ans.

«Moi aussi je suis né en 1917. Moi aussi je suis indigné. J'ai aussi vécu une guerre. J'ai aussi supporté une dictature», écrivait José Luis Sampedro en ouverture de son prologue.

Il avait reçu en 2011 le prix national des lettres espagnoles pour sa contribution à la littérature espagnole contemporaine.

En plus de sa carrière «prolifique, développée à la marge des courants littéraires», le jury avait alors salué José Luis Sampedro comme étant une «référence intellectuelle et morale de premier  ordre de l'Espagne de la seconde moitié du vingtième siècle».