Qu'y a-t-il dans un nom? Notabilia, pluriel de notabilis, signifie à la fois ce qui est notable, digne d'être connu, et ce qui est notoire, bel et bien connu.

En choisissant ce joli mot fort de sens pour désigner sa nouvelle collection au sein des éditions suisses Noir sur blanc et tourner ainsi la page sur sa défunte maison d'édition Les Allusifs, l'éditrice québécoise Brigitte Bouchard voulait exprimer une chose: «Ne passez pas à côté.» Du moins, pas à côté des livres qu'elle nous proposera dans les mois qui viennent, dont Dernier voyage à Buenos Aires, cinquième roman de Louis-Bernard Robitaille.

Malgré l'année difficile qu'elle vient de vivre en raison des rebondissements qui ont mené à la mort de sa maison d'édition (2001-2012), l'éditrice reprend du poil de la bête et, du même coup, du service, cette fois à la tête d'une nouvelle structure: une collection accueillie par une maison d'édition européenne, Noir sur blanc, elle-même associée au grand groupe Libella. Y seront publiés un grand nombre des auteurs qui publiaient aux Allusifs. Louis-Bernard Robitaille n'était pas de ceux-là, même si elle le connaissait professionnellement, vie à Paris oblige. «Sincèrement, je n'avais pas lu ses autres romans, raconte-t-elle honnêtement. Quand il m'a appelée, j'étais dans une mauvaise période, je n'ai donc pas lu son manuscrit. Mais il m'a rappelée en me disant qu'il aimerait vraiment avoir mon avis...»

Tenir le coup

Et contre toute attente, Dernier voyage à Buenos Aires a aidé Brigitte Bouchard à tenir le coup: «Pendant les mois les plus difficiles, le travail avec Louis-Bernard m'a permis de rester dans le coeur de ce que j'aime vraiment faire: le travail éditorial. Pour moi, c'était le livre idéal pour lancer la collection: un roman très ouvert, avec une vraie mise en perspective d'une époque et un ton fitzgéraldien, tournant autour d'un personnage féminin passionnant, complexe, un livre sans cynisme, mais empreint de désillusion et de mélancolie...»

À l'écouter parler avec une telle passion, on comprend que «ses» auteurs lui restent fidèles. À l'invitation de l'éditrice Vera Michalski des éditions Noir sur blanc, Brigitte Bouchard dirige donc désormais une «collection de littératures» où elle publiera Trois cercueils blancs d'Antonio Ungar le 7 avril, Journal d'un recommencement de Sophie Divry le 21 avril (tous deux publiés auparavant aux Allusifs), mais aussi Sylvain Trudel (qui lancera à la rentrée une version augmentée d'une nouvelle de son fabuleux La mer de la tranquillité), Tecia Werbowski, etc. Bref, des auteurs à la fois notables et notoires...