Patrick Deville a été couronné lundi par le prix Femina pour Peste & choléra (Seuil), formidable épopée sur le destin d'un homme d'exception, Alexandre Yersin, explorateur en blouse blanche parti au bout du monde découvrir le redoutable bacille de la peste.

Peu avant le couronnement officiel, cette nomination a été annoncée à l'AFP par l'éditeur Seuil, qui avait également tweeté: «Grande nouvelle ce matin: Patrick Deville reçoit le Prix Femina pour Peste & choléra! Un grand bravo à lui!».

Patrick Deville est aussi en lice pour le Goncourt et le Renaudot.

Chercheur à l'Institut Pasteur, né dans le canton suisse de Vaud en 1863 et mort 80 ans plus tard à Nha Trang, dans l'actuel Vietnam, alors partie de l'Indochine française, Alexandre Yersin avait tout pour fasciner le romancier.

Lui-même voyageur impénitent et esprit cosmopolite, Patrick Deville, né le 14 décembre 1957, a vécu dans les années 1980 au Moyen-Orient, au Nigeria, en Algérie, après des études de littérature et de philosophie. Dans les années 1990, il a séjourné à Cuba, en Uruguay, en Amérique centrale.

Son héros travaille sur la tuberculose et la diphtérie à Paris, où il est arrivé à l'âge de 22 ans. Il découvre la toxine diphtérique et fait partie de ces Pasteuriens téméraires, souvent étrangers, qui entourent le vieux Louis Pasteur.

Savant aux semelles de vent, Yersin part en Extrême-Orient, se fait marin, explore la jungle, voyage en Chine, à Aden, à Madagascar. Il achète des éléphants, des chevaux... Le tout entrecoupé de séjours parisiens.

De retour en Asie, il découvre le bacille de la peste lors de la grande épidémie de Hong Kong en 1894. À Canton, il est le premier médecin à guérir un pestiféré.

Il est aussi le premier à développer en Indochine la culture de l'hévéa, devient le roi du caoutchouc et travaille avec Michelin. Il est encore le premier à planter des arbres à quinquina et cultive la coca, alors plante médicinale.

Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, déjà Prix du roman Fnac 2012, l'écrivain a suivi les traces de son héros autour du monde. Il s'est aussi plongé dans les milliers de lettres échangées par «la bande des Pasteuriens», conservées aux archives des Instituts Pasteur.