La Table de concertation du livre, qui regroupe sept associations québécoises, «enjoint au prochain gouvernement» d'adopter au cours de la prochaine session parlementaire une réglementation sur le prix des nouveautés. En d'autres mots, la Table réclame ce qu'on appelle dans le jargon de l'industrie le «prix unique», prix fixé par l'éditeur et auquel un nouveau livre devrait être vendu, par tous les détaillants, pendant neuf mois, sans possibilité de rabais de plus de 10%.

«Une réglementation sur le prix du livre agit de façon positive à plusieurs égards, notamment en ralentissant l'augmentation de prix de tous les livres», écrit Gaston Bellemarre, président de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), dans la lettre «d'opinion» envoyée hier aux médias. On y lit que l'industrie du livre s'est consolidée dans les pays où le prix est réglementé - France, Allemagne, Mexique - mais que, au contraire, elle s'est sérieusement fragilisée en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, où la «guerre des prix» a eu des conséquences dramatiques sur la structure de l'industrie, en plus de faire augmenter les prix (voir le site www.noslivresajusteprix.com.

«Sans réglementation, c'est tout un pan de l'industrie culturelle qui est menacé de disparition», prétend pour sa part l'éditeur Hervé Foulon (Hurtubise HMH), président du Conseil consultatif de la lecture et du livre. En octobre dernier, il a recommandé à la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, de faire adopter une réglementation qui assurerait la «bibliodiversité», en plus «d'atténuer les effets néfastes d'un marché dominé par de puissantes entreprises qui instrumentalisent le prix des nouveautés». En clair: les grandes chaînes de librairies et les grandes surfaces qui se servent des best-sellers vendus au rabais comme «produits d'appel».

En juin dernier, la ministre libérale de la Culture a annoncé la création d'un chantier pour moderniser la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre (loi 51, 1981). Reste à voir qui sera là après le 4 septembre pour ouvrir ledit chantier.