De beaux livres pour l'été... pourquoi pas? Pour un cadeau de fin d'année ou pour se gâter, toutes les raisons sont bonnes. Il y en a pour tous les goûts, pour le plaisir de la lecture et des yeux.

Je t'écris pour te dire...

Laure Adler a dirigé de belles publications célébrant ces femmes «dangereuses», qui lisent, écrivent, aiment... Et d'un concept est née une série. Avec la collaboration de Stefan Bollmann, elle nous propose cette fois Les plus belles lettres de femmes, puisque celles-ci ont particulièrement brillé dans le genre épistolaire - La Bruyère a écrit: «Ce sexe va plus loin que le nôtre dans ce genre.» Elles prennent la plume comme amoureuses, bien sûr, mais aussi comme muses, mères, amies, conseillères et voyageuses. Dans l'intimité de la lettre, qui est autant un dialogue avec soi-même qu'avec un destinataire souvent fantasmé, elles se révèlent la plupart du temps beaucoup plus audacieuses qu'ailleurs. Le livre fait la part belle à l'âge d'or de la correspondance, à l'époque où toute l'Europe passait son temps à correspondre, les distances et l'absence de l'internet nous ayant offert des archives inestimables, des lettres qui nous renseignent sur des figures célèbres, témoins de leur époque. Les incontournables Sand, Beauvoir, Nin, Woolf, Colette, de Staël, Austen, de Sévigné, évidemment, y sont. Belle introduction pour qui voudrait approfondir une correspondance en particulier. - Chantal Guy

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Les plus belles lettres de femmes. Laure Adler et Stefan Bollmann. Flammarion, 175 pages.

Trésor national

Gabor Szilasi est un trésor national. Au cours de sa longue carrière - il a près de 85 ans-, le photographe d'origine hongroise, qui vit à Montréal depuis 1959, a documenté le Québec, ses paysages et ses gens, avec rigueur, intelligence et une profonde humanité. Il a d'ailleurs été «le maître qui a guidé une génération de photographes», écrit Bertrand Carrière, qui a dirigé un livre consacré à la période charlevoisienne de Szilasi, probablement une de ses plus connues. Au début des années 70, le photographe a d'une certaine manière poursuivi le travail du cinéaste Pierre Perreault, imprimant à tout jamais dans notre imaginaire une image mythique de cette région. Gabor Szilasi, Charlevoix 1970 est bien sûr composé des photos de paysages montagneux, de visages ridés et de maisons chambranlantes croquées avec précision et un immense respect par le photographe. Le livre est augmenté de textes éclairants de l'historien de l'art Marcel Blouin, pour qui le travail de Szilasi était de «simplement cueillir le fruit de l'histoire», de l'écrivain Jean O'Neil, qui raconte Charlevoix à travers les artistes qui y ont vécu, et de David Harris, spécialiste de l'oeuvre de Szilasi. Un beau livre avec du contenu donc, et dont les images possèdent une force peu commune et qu'on ne se lasse pas de regarder. - Josée Lapointe

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Gabor Szilasi, Charlevoix 1970. Dirigé par Bertrand Carrière. L'Instant même, 111 pages.

Immortelle Audrey Hepburn

Pour un beau livre, c'est un beau livre. La rencontre entre Bill Willoughby, portraitiste des étoiles des années 50 et 60, et Audrey Hepburn, actrice et icône indémodable qui en était alors à ses débuts, a été un coup de coeur réciproque. En 1953, Willoughby est appelé en studio pour photographier une starlette: Audrey Hepburn. L'ensorcellement est immédiat. Avec la grâce d'une danseuse de ballet, Audrey Herpburn imposera, au cours de sa carrière au grand écran (Diamants sur canapé, Deux têtes folles, My Fair Lady), son style immortel: la petite frange brune, les colliers de perles et les inoubliables petites robes noires. Au fil des pages, la rencontre et la complicité se découvrent entre Willoughby et Hepburn, à travers ces portraits pris entre 1953 et 1966. On voit d'abord Hepburn, à l'aube de la gloire, après le tournage de Vacances romaines, bientôt en jeune femme épanouie, tournant avec Richard Quine, puis aux côtés de son mari. L'élégance de Hepburn, ce mélange d'un aura très «star» à une apparente simplicité... La maison d'édition Taschen avait d'abord fait paraître une version numérotée et «de luxe» de cet ouvrage, tout entier centré sur les portraits de Willoughby, pour 1000$. À 69,90$, cette nouvelle édition est beaucoup plus modeste, mais reste néanmoins une acquisition incontournable pour les fans. - Anabelle Nicoud

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Audrey Hepburn. Bob Willoughby. Taschen, 280 pages.

Pour petits et grands

Un album pour enfants dans une liste de beaux livres: lorsqu'on a des allures d'oeuvre d'art, comme ce Virginia Wolf, c'est un choix tout à fait justifié. Ce livre de Kyo Maclear, illustré avec fantaisie par Isabelle Arsenault, s'inspire de la relation entre Virginia Woolf et sa soeur, la peintre Vanessa Bell. C'est ce qui le rend intéressant pour tous les âges: les adultes y trouveront de nombreuses références à la vie et l'oeuvre de l'auteure des Vagues, alors que les petits liront une fable sur le pouvoir de l'imagination. C'est que pour illuminer la vie de sa soeur portée sur la mélancolie, qui se transforme en loup lorsqu'elle se lève du mauvais pied, Vanessa lui peint un monde tout en couleurs, fait de «feuilles qui chantonnent dans le vent et de fruits rutilants», un pays imaginaire appelé Bloomsberry - du nom du groupe d'artistes auquel appartenaient Virginia et Vanessa. Au-delà des clins d'oeil, cette histoire d'une affection indéfectible entre deux soeurs est belle et touchante. - Josée Lapointe

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Virginia Wolf. Kyo Maclear et Isabelle Arsenault. Traduit par Fanny Britt, Éditions de la Pastèque.

Tour du monde en peinture

C'est toute une liste que nous offre ce bouquin: 1001 tableaux qu'il faut avoir vus, qui viennent entre autres après les merveilles de l'architecture, les trous de golf (!), les livres et les sites naturels. L'auteur Stephen Farthing présente ce livre comme un «guide et un compagnon de voyage pour les visiteurs, et non un guide à consulter dans son fauteuil». Car le but reste, bien sûr, de vivre l'expérience du tableau, et c'est pourquoi le lieu où chacun est exposé est indiqué. Mais si on n'a pas l'intention de faire le tour du monde avec son exemplaire sous le bras, on peut quand même s'amuser à feuilleter ce livre présenté simplement en ordre chronologique, de 1420 av. J.-C. à 2010. Chaque tableau est reproduit et accompagné d'une courte explication. C'est simple et bien fait, et ce tour - incomplet bien sûr- de l'histoire de l'art mondial peut être amusant et instructif. Mais en termes strictement touristiques, ce livre n'amènera pas beaucoup de visiteurs dans les musées du Québec ou du Canada: nulle trace de nos incontournables, les Thomson, Riopelle, Borduas, Leduc... «Ne cherchez pas, il en manque», dit d'emblée Pierre Assouline dans sa préface. C'est vrai. - Josée Lapointe

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Les 1001 tableaux qu'il faut avoir vus dans sa vie. Dirigé par Stephen Ferthing. Trécarré, 960 pages.

Le livre de diamant d'Élisabeth II

Elle règne sur 16 États indépendants depuis six décennies, sacoche à la main et chapeau sur la tête, symbole de longévité et de stabilité souveraine, dans un monde qui a connu maints bouleversements. Dans Le destin d'une reine, Stéphane Bern relate en textes et en photos la vie royale de Sa Majesté Élisabeth II, la jubilaire de diamant de l'année 2012. On la découvre volontaire et souriante, s'enrôlant comme mécanicienne «matricule 230873» pendant la guerre, amoureuse de son blond prince Philip, insouciante et festive, dans une danse carrée, tout sourire, serrant la pince de David Beckam, rencontrant Mère Teresa ou Indira Gandhi... Monarchiste avoué, Stéphane Bern rappelle aussi à ses lecteurs que la reine d'Angleterre «est assurément la personnalité publique du Royaume-Uni à avoir le plus d'expérience politique» et que «la reine ne se couche jamais le soir avant d'avoir le sentiment du devoir accompli». Un plaisir coupable, certes, mais aussi un petit retour divertissant (avec complaisance de circonstance) sur des moments royaux qui ont marqué notre histoire récente. - Sylvie St-Jacques

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Le destin d'une reine. Stéphane Bern. Albin Michel, 147 pages.

Marylin sous toutes les coutures

Décidément, les fans de Marilyn Monroe ne sont jamais en reste. Deux beaux livres s'ajoutent à l'hagiographie déjà bien garnie de la star. Les secrets d'élégance de la femme et de la star par son couturier personnel, Travilla, explorent les dessous de sa garde-robe, presque aussi mythique que la blonde actrice. De nombreuses photos et dessins des costumes de l'icône étancheront la soif des lecteurs les plus curieux. Dans un registre plus profond, Girl Waiting présente des esquisses inédites de l'exquise icône hollywoodienne. L'intérêt de Marilyn Monroe pour l'art et la peinture a toujours marqué sa vie. Ses esquisses lèvent le voile sur l'aspect artistique de sa personnalité. Dans la droite ligne de la publication, l'an dernier, de ses écrits avec Fragments, publié aux éditions du Seuil. Un éclairage moins courant mais néanmoins touchant de Marilyn. - Anabelle Nicoud

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Le style Marilyn: Les secrets d'élégance de la femme et de la star par son couturier personnel, Travilla. Andrew Hansford. Éditions Michel Lafond, 192 pages.

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Marilyn Monroe: Girl Waiting, dessins, esquisses. Éditions Seuil, 64 pages.