L'écrivain mexicain Carlos Fuentes est décédé mardi à Mexico, à l'âge de 83 ans, a annoncé le président de la République Felipe Calderon sur son compte Twitter.

«Je regrette profondément le décès de notre estimé et admiré Carlos Fuentes, écrivain et Mexicain universel. Qu'il repose en paix», a écrit le président.

Selon la presse locale, il aurait succombé à des problèmes cardiaques dans un hôpital du sud de la capitale mexicaine.

Souvent cité comme potentiel prix Nobel de littérature, Carlos Fuentes avait obtenu en 1987 le prix Cervantès, considéré comme le prix de littérature de langue espagnole le plus prestigieux au monde.

Il était notamment l'auteur de «La mort d'Artemio Cruz» (1962) ainsi que d'une vingtaine d'autres livres et portait depuis plus d'un demi-siècle un regard critique sur la société mexicaine contemporaine.

Né au Panama le 11 novembre 1928 de parents diplomates, il a passé son enfance entre les Amériques et l'Europe. En 1950, après un diplôme en droit à Mexico et une formation aux relations internationales à Genève, il embrassa la carrière diplomatique avant de s'orienter vers la littérature et le journalisme.

Intellectuel de gauche, il a acquis une notoriété internationale dès l'âge de 30 ans avec son premier roman, «La plus limpide région» (1958).

Sa carrière diplomatique l'a conduit à se partager entre Mexico, Paris et Londres, où il vivait une partie de l'année. En France, où il a été ambassadeur de 1975 à 1977, l'ancien président François Mitterrand lui avait décerné la Légion d'Honneur en 1992.

Un «grand» du monde des lettres

Carlos Fuentes était l'écrivain mexicain contemporain le plus renommé doublé d'un intellectuel de gauche défenseur de l'identité sud-américaine, dont il s'était fait l'ambassadeur engagé.

Membre du Parti communiste, proche de Fidel Castro avant de s'en éloigner après l'incarcération du poète Ernesto Padilla (1971), et critique sévère du Mexique moderne, l'auteur de «La mort d'Artemio Cruz» et de «La plus limpide région» est connu pour son regard aiguisé sur la société mexicaine contemporaine.

S'il n'a jamais été lauréat du prix Nobel de littérature, Carlos Fuentes, diplomate et fils de diplomate, avait été couronné en 1987 par le Prix Cervantes, la plus haute distinction de la littérature hispanique.

Né en 1928 à Panama lors d'une étape de la carrière diplomatique de son père, il a passé son enfance en Équateur, en Uruguay, au Brésil, aux États-Unis, au Chili et en Argentine, sans pour autant perdre contact avec le Mexique.

Revenu à Mexico à 16 ans, élève du Collège français, étudiant en droit à l'Université nationale autonome (Unam), il a rejoint ensuite l'Institut des hautes études de Genève (Suisse), collaborant là-bas à l'Organisation internationale du Travail (OIT) pour le ministère mexicain des Affaires étrangères.

Il avait 20 ans quand ses premiers textes ont été publiés dans des revues politico-littéraires mexicaines, et 27 quand il a fondé la Revue mexicaine de littérature avec son compatriote Octavio Paz.

Il a publié à 26 ans son premier recueil de nouvelles, «Jours de carnaval», dans lequel il manifeste déjà son goût pour les nouvelles techniques narratives au service d'une oeuvre dotée d'un style moderne.

Il est nécessaire de «casser les moules de cet espagnol vétuste (...) et lui donner une nouvelle vie, lui donner une claque, lui injecter de la sève», affirme-t-il alors.

Son premier roman, «La plus limpide région», écrit à 30 ans, est une vive critique de la société mexicaine, alors qu'il dirige le service des relations culturelles du ministère des Affaires étrangères.

Très curieux, il a aussi tâté du journalisme, s'en allant à Cuba soutenir la Révolution, et n'a jamais cessé d'écrire, bâtissant au fil des ans une oeuvre imprégnée de «mexicanité».

Il en a classifié l'ensemble sous le nom de «La edad del tiempo» (L'âge du temps), avec pour titres les plus récents «Le Bonheur des Familles» (2006), «La volonté et la fortune» (2008), «Adam en Eden» (2009) et «Vlad» (2010).

Dramaturge, il a aussi écrit des scénarios pour le cinéma, dont celui de «La Chasse à l'homme», du cinéaste espagnol Luis Buñuel, et souvent collaboré avec son vieil ami et complice colombien Gabriel Garcia Marquez.

«Il n'y a pas de mystère, confiait-il en 2008 à l'AFP, il faut beaucoup travailler. De nombreux écrivains réclament la table parfaite, la lumière parfaite et restent là à attendre au café».

Son oeuvre le classe parmi les maîtres de la littérature latino-américaine, avec Garcia Marquez, son compatriote Octavio Paz, l'Argentin Julio Cortazar ou le Péruvien Mario Vargas Llosa.

Professeur à Harvard et Cambridge, Princeton et Columbia, il est docteur honoris causa de multiples universités à travers le monde.

Sa carrière diplomatique l'a conduit à se partager entre Mexico, Paris et Londres, où il vivait une partie de l'année. En France, où il a été ambassadeur de 1975 à 1977, l'ancien président François Mitterrand lui a décerné la Légion d'Honneur en 1992.

Marié avec l'actrice mexicaine Rita Macedo jusqu'à leur divorce dans les années 1970, il s'était remarié avec la journaliste Silvia Lemus. Ses deux enfants Carlos Rafael et Natasha sont décédés à 25 et 32 ans, respectivement de maladie et de causes inconnues.