«La Renaissance, c'était l'époque où tout le monde voulait tout savoir sur tout...»

Brenda Dunn-Lardeau, elle, a ajouté à sa connaissance déjà vaste des livres de la Renaissance en se lançant dans l'inventaire des collections montréalaises. Ses recherches ont mené à l'exposition Le livre de la Renaissance à Montréal, présentée en deux parties à la Collection nationale de la Grande Bibliothèque jusqu'en janvier 2013.

La Renaissance est cette période de l'histoire de l'Occident qui, succédant au Moyen-Âge, a mené à de nouvelles représentations de l'Homme et de son monde. «Le début de la modernité», lance Brenda Dunn-Lardeau, professeure de littérature à l'UQAM, dernière-née des universités montréalaises qui a hérité de la bibliothèque du Collège Sainte-Marie, fondé par les Jésuites en 1848. Ordre «savant», les Jésuites étaient toutefois arrivés en Nouvelle-France en 1611, peu après les grandes «découvertes». La collection de l'UQAM compte 120 ouvrages du XVIe siècle (voir livresanciens.uqam.ca).

Née en Italie, la Renaissance a ensuite gagné la France, le nord de l'Europe puis l'Angleterre. L'un de ses principaux moteurs a été l'invention de l'imprimerie à caractères mobiles par Gutenberg (vers 1450), qui a transformé la diffusion des connaissances. Les savants ont alors voulu retourner aux textes anciens de Platon, de Virgile et d'Ovide - les experts parlent ici d'«humanisme philologique» - pour enlever les erreurs accumulées au fil de plus de mille ans de transcriptions et de traductions. Mais corriger la Bible, explique encore Mme Dunn-Lardeau - qu'on pourra entendre en conférence ce soir à 19h à l'auditorium de la GB -, c'était comme «s'en prendre à la parole de Dieu», une entreprise mal vue par certains clercs: voyez ici le Novum Testamentum d'Érasme (1516), dont certaines pages ont été censurées au poignard!

Une centaine d'ouvrages

En tout, Le livre de la Renaissance à Montréal présente une centaine d'ouvrages - avec enluminures, lettrines et tout - de sept collections dont celle des Jésuites du collège Brébeuf, des Sulpiciens (conservée à la GB), de la collection médicale Osler de McGill - avez-vous des livres de Rabelais qui traînent chez vous? - ou de celle du musée Stewart, avec sa belle concentration sur la (vieille) Querelle des femmes.

Dans cette autre vitrine, brillant sous ses 50 lux, un livre d'heures de Paris datant de 1516 qui avait été présenté lors de la dernière exposition, à Montréal, de livres de la Renaissance, l'exposition Caxton (du nom du premier imprimeur anglais) en... 1877. Il était temps de retourner aux sources...