Paraît que Renaud ne va pas fort. Qu'il a perdu l'inspiration. Qu'il ne s'est pas remis de son divorce avec la chanteuse Romane Serda. Et qu'il a recommencé à boire. À Paris, plusieurs l'ont vu affalé sur les banquettes de la Closerie des Lilas, seul, triste et saoul.

Dans son entourage, plusieurs s'inquiètent. À commencer par son frère Thierry Séchan, qui a tiré la sonnette d'alarme l'automne dernier, dans la préface d'un livre sur Renaud qui sort ces jours-ci au Québec: Renaud, putain de vie, par Claude Fléouter.

Si cette initiative avait pour but de secouer le chanteur, c'est réussi. Mais pas nécessairement dans le bon sens. Renaud a été ulcéré par les propos de son frère, notamment en ce qui concerne son mariage raté avec Romane et sa mauvaise habitude de boire en public. Les deux frères se querellent depuis par médias interposés... jusque dans les pages de Paris Match.

De passage à Montréal pour faire la promotion du livre - ou plutôt, de sa préface -, Thierry Séchan assume son coup de gueule. Il fallait que quelqu'un se lève, et ça ne pouvait être que lui: «Je suis le seul à oser parler directement ou indirectement avec Renaud. Il a essayé de couper les ponts. Mais il va finir par comprendre», lance-t-il avec l'assurance du frère aîné.

Aurait-il fallu régler ces problèmes loin de l'oeil public? Sans doute. Mais puisque Renaud se saoule devant tout le monde, pourquoi se cacher pour le dénoncer, demande-t-il? En effet. Mais tout cela laisse quand même la drôle d'impression, presque désagréable, que Thierry Séchan, éternel second couteau, a tenté de se faire du capital médiatique sur le dos de son célèbre frangin.

Le principal intéressé s'en défend: «Je ne veux que son bien, dit-il. Je veux qu'il revienne à la chanson. Je veux qu'il trouve une gentille fille qui le rendrait heureux.»

Dans la foulée, il admet toutefois que ses rapports avec Renaud ne sont pas des plus simples. Et qu'il a beaucoup souffert de «vivre dans l'ombre» de son frère, qui lui vole la vedette depuis le jour de sa naissance. «Dès qu'il est né, j'ai été relégué au deuxième plan», dit-il. Le fait que l'un et l'autre se ressemblent comme deux gouttes d'eau et que Thierry, lui-même homme de lettres, ait dû se contenter des miettes du succès de Renaud, en dépit d'une production personnelle relativement abondante (20 livres, incluant le populaire Nos amis les chanteurs), n'a rien fait pour aider. «Serais-je devenu un écrivain maudit ou moins maudit si je n'avais pas été le frère de Renaud? Bien malin qui saurait le dire. Mais je pense qu'au final, cela m'a plus nui que servi...»

Nuisance ou pas, Thierry Séchan persiste et signe: il vient d'écrire un livre de 25 lettres ouvertes destinées à son frère, à paraître chez L'Archipel/Belfont. Au pire, l'exercice lui permettra de renflouer ses coffres (c'est lui qui le dit), au mieux, il lui permettra d'aller jusqu'au bout de cette relation conflictuelle qui l'obsède manifestement. Chose certaine, le brouhaha médiatique de l'automne semble avoir porté ses fruits, puisqu'aux dernières nouvelles, Renaud aurait mis la pédale douce sur le pastis et quitté son repère parisien pour sa maison de Meudon dans le Sud, afin de se refaire une santé.

Thierry Séchan vient par ailleurs d'achever une biographie de l'auteure Françoise Sagan. Biographie qu'étrangement, aucun éditeur parisien ne s'est montré pressé de publier. «Ils trouvent que Sagan, ce n'est pas très vendeur», dit-il, d'autant plus étonné qu'Hollywood vient d'acheter les droits de Bonjour tristesse. L'auteur n'écarte pas l'option de publier au Québec, chose qu'il a déjà faite par deux fois dans le passé. Il a d'ailleurs profité de son passage à Montréal pour tâter le terrain. Avis aux intéressés.

Renaud, putain de vie

Claude Fléouter, préface de Thierry Séchan

Éditions Fetjaine, 156 pages