L'auteur-compositeur-interprète et grand lecteur Thomas Hellman a concocté un concert littéraire unique en enrobant ses auteurs fétiches d'une musique folk de son cru. Tout un voyage littéraire, guidé par une voix capable de réchauffer n'importe quelle soirée froide de janvier.

Quand on a proposé à Thomas Hellman de participer au Studio littéraire de la Place des Arts en lui disant qu'il avait carte blanche, il a un peu perdu le contrôle. «Il y avait des livres partout dans la maison!» Car plutôt que de s'en tenir à une seule oeuvre ou à un seul auteur, comme c'est souvent le cas, il a préféré offrir un panorama des livres qu'il aime et qui l'habitent.

«Il y a vite eu des évidences, raconte-t-il, des auteurs qui m'accompagnent depuis longtemps comme Eduardo Galeano, Patrice Desbiens, Samuel Beckett et Roland Giguère, que je viens de découvrir. Il devait aussi y avoir des poètes de la génération beat, comme Ginsberg et Giorno. C'est pour le reste que ç'a été difficile de choisir.» Se sont ajoutés, entre autres, Camus (Le premier homme), la nouvelle sensation Samuel Archibald (Arvida), une chanson méconnue de Leonard Cohen, et bien d'autres encore...

«J'ai choisi des textes musicaux et des chansons littéraires.» Car si ce spectacle met les mots en scène, il sera musical environ aux deux tiers: Thomas Hellman fera des lectures simples, d'autres soutenues par de la musique, et certains textes ont carrément été transformés en chansons. «Par exemple Roland Giguère, c'était logique et naturel. Il n'y a pas un texte de lui pour lequel je n'entendais pas une mélodie. C'est rare que ça arrive.»

Ce spectacle bilingue sera donc composé de textes courts - «Je n'aime pas quand les spectacles sont trop longs, ni bombarder les gens d'information» - choisis en fonction de leur musicalité. «Chaque auteur a sa musique, c'est vrai, mais ce ne sont pas tous les auteurs qui sont musicaux. C'est clair que je suis attiré par ceux-là. Je suis attiré aussi par des textes qui frôlent le silence», raconte le chanteur dont on a découvert les qualités de lecteur au Combat des livres il y a deux ans (où il défendait d'ailleurs Patrice Desbiens), et qui continue à partager sa passion de la littérature depuis septembre à l'émission Plus on est de fous, plus on lit, à Radio-Canada.

Accompagné du contrebassiste Sage Reynolds, il a choisi d'enrober son spectacle d'une ambiance folk qui saura mettre en évidence les textes qu'il a choisis. «La force d'une bonne lecture, et c'est la magie de la musique aussi, c'est qu'on peut arriver à rendre lumineux des textes qui, parfois, peuvent nous sembler opaques. La meilleure lecture à laquelle j'ai assisté dans ma vie, c'était Jean-Louis Roux qui lisait Le dépeupleur de Beckett. Je n'avais jamais réussi à entrer dans ce texte, et là, tout s'était éclairé.»

Thomas Hellman n'a pas la prétention de faire voir la lumière au public: il espère d'abord faire voyager les gens dans les textes de autres en partageant ses coups de coeur. «J'ai toujours chanté mon matériel. C'est un trip d'entrer dans les oeuvres des autres.»

L'auteur-compositeur-interprète qui sortira deux disques en 2012 - un livre-disque et un album de chansons - ne sait pas s'il y aura une suite à cette expérience stimulante et positive dans laquelle il estime qu'il tâtonne encore un peu. «Ce ne sont que des balbutiements et je ne sais pas où ça me mènera. Mais j'y prends plaisir et j'espère que ce sera la même chose pour le public.»

Thomas Hellman en spectacle ce lundi, à 19h30, à la Cinquième salle de la Place des Arts.