Cinquième roman de Daniel Castillo Durante, qui est aussi professeur de littérature à l'Université d'Ottawa, Le silence obscène de miroirs est un livre touffu qui raconte la lente dérive d'un photographe québécois en Argentine.

Parti retrouver une ex-amante, victime d'un coup monté qui le laisse sans passeport, donc sans identité, Jean-Marie tente de survivre dans un pays en déroute, croisant entre autres un chef d'entreprise manipulateur, une secrétaire aguichante, un mafieux corse, une lectrice de Borgès, une cireuse de chaussures aux allures de déesse et une vieille dame extrêmement riche. Toujours en retard, toujours en retrait, il démêle de moins en moins la réalité de la fiction, s'empêtre dans ses désirs et est constamment victime de ses illusions. Érudit et ambitieux, Le silence obscène des miroirs est aussi un peu confus, comme son personnage principal, construit de phrases lourdes, de retours plus ou moins justifiés dans le passé immédiat - la chronologie et les transitions sont peu claires, ce qui alourdit la lecture -, de scènes qui n'aboutissent pas. Surtout, il est truffé de comparaisons boiteuses et pas toujours élégantes, telle celle-ci, parlant des fesses d'une femme: «Leur trémoussement dégageait la grâce piquante des femmes ayant un bel avenir derrière elles.» Trop, c'est trop.

Le silence obscène des miroirs, de Daniel Castillo Durante. Lévesque éditeur, 262 pages.