La collection Que sais-je? célèbre ses 70 ans: du marxisme à la réincarnation, en passant par l'économie, cette encyclopédie de poche a traité depuis sa naissance près de 4000 sujets, condensés en 128 pages pour faire «le point des connaissances actuelles».

Créée en 1941 par le directeur des Presses universitaires de France (PUF), Paul Engoulvent, la collection Que sais-je? résulte d'une «ambition intellectuelle et d'un choix économique: il s'agissait de vulgariser pour le plus grand nombre, avec le souci d'un prix bas», explique Julie Gazier, éditrice des Que sais-je? depuis 2004.

Depuis sa création, le «QSJ» comporte immuablement 128 pages, soit quatre cahiers brochés cousus, en format de poche, avec une boussole en couverture, même si la maquette a évolué notamment avec l'introduction de photos en couverture.

Le premier titre consacré à L'histoire de la biologie reflétait cet «appétit particulier pour le progrès de la connaissance et les ouvrages de vulgarisation scientifique», qui prévalait à la naissance de la collection, rappelle Julie Gazier.

Désormais le lectorat du QSJ est «double». C'est «l'étudiant qui a besoin d'un outil bien fait pour commencer à aborder un sujet» et «un plus grand public qui a envie d'avoir des clés pour lire le monde dans lequel il vit».

Aujourd'hui, la collection, dont le nom a été tiré des Essais de Montaigne, compte plus de 800 titres encore disponibles (pour 3950 titres édités au total), répartis en neuf grandes disciplines: philosophie, religions-spiritualité, psychologie, droit-science politique, sociologie-sciences de l'éducation-communication, sciences-médecine, lettres, histoire-géographie-arts et économie.

«Désormais, l'ambition de couvrir plusieurs sujets (dans un seul QSJ) n'existe plus du tout», surtout depuis l'arrivée d'Internet, qui a «marqué un tournant dans l'approche de la connaissance, et du rapport à l'encyclopédie», note Julie Gazier, même si les titres sont disponibles en ligne sur le portail payant Cairn. «L'envie est de transmettre quelque chose qui ne soit pas une approche d'opinion, mais plutôt essayer d'éclairer les enjeux sur une question, avec l'ambition de proposer des opinions communes, et «plusieurs angles».

Les thématiques doivent «répondre à un besoin, donc certains titres ont disparu car l'intérêt est tombé, ou parce qu'on ne pose plus la question de la même manière», comme par exemple, la discrimination positive, note Julie Gazier, un sujet ignoré il y a 70 ans. Ainsi, beaucoup de QSJ qui portaient sur «des sujets très techniques, comme les produits dérivés du pétrole», n'ont pas été réédités.

Mais l'ambition du Que sais-je? est de durer et les PUF permettent «aux auteurs de les actualiser tous les 18 à 24 mois pour qu'ils restent d'actualité». Ainsi le QSJ sur le marxisme est l'exemple du «long seller», qui a été vendu à 300 000 exemplaires depuis sa première édition.

Au fil du temps, le QSJ peut être réécrit par son auteur d'origine, ou repris par de nouveaux comme celui sur le capitalisme qui a été revu à trois reprises, tout en gardant son numéro de référence.

Le choix des sujets se fait entre l'éditeur (les PUF) et ses interlocuteurs «naturels», à savoir les universitaires, mais parfois des sujets sont proposés par des spécialistes, à l'image du QSJ sur le parfum rédigé par le nez d'Hermès Jean-Claude Ellena.

Au total, ce sont 2500 auteurs qui ont participé à la rédaction d'un QSJ. Fort de son succès hexagonal, le QSJ a conquis l'international, avec 42 langues de traduction, une centaine d'ouvrages traduits par an (Corée, Japon, Espagne), avec une reprise parfois telle quelle, car le titre permet de comprendre la société française. C'est devenue la collection de sciences humaines françaises la plus traduite.