L'Interallié, dernier grand prix littéraire de la saison en France, a couronné mercredi Morgan Sportès pour Tout, tout de suite (Fayard), roman-enquête glaçant sur l'odieux crime du Gang des barbares qui avait saisi d'effroi la France en 2006.

Invité surprise du jury qui l'avait d'abord écarté, le lauréat a obtenu six voix au troisième tour contre trois à Stéphane Hoffmann pour Les Autos tamponneuses (Albin Michel) et deux à Delphine de Vigan pour Rien ne s'oppose à la nuit (JC Lattès).

Né le 12 octobre 1947 à Alger, d'un père juif algérien et d'une mère bretonne, Morgan Sportès a vécu en Algérie jusqu'à l'indépendance de ce pays en 1962. Il a aussi vécu, adulte, en Thaïlande et au Japon.

Auteur d'une vingtaine d'ouvrages, il pratique tous les genres, romans historiques, autobiographies, romans enquêtes, satire, thriller détourné comme Maos, en 2006, prix Renaudot des lycéens. Il a aussi parlé de son enfance algéroise dans Outremer en 1989.

Avec son roman-enquête sur le sordide Gang des Barbares, l'écrivain s'inscrit dans la «non fiction novel», école américaine alliant construction dramaturgique et faits réels, dont Truman Capote fut l'un des maîtres avec De sang froid.

«C'est un témoignage de l'effroyable vide que la société a laissé se creuser en son sein, du degré d'aliénation de ces jeunes, couplé à leur indigence intellectuelle», a affirmé à l'AFP Morgan Sportès.

Début 2006, le jeune Ilan Halimi, de milieu plutôt modeste, supposé riche par ses ravisseurs parce que juif, est enlevé, séquestré, torturé pendant 24 jours et assassiné par une bande d'une vingtaine de jeunes, menée par Youssouf Fofana, qui a été condamné à la prison à vie en 2009.

«Pendant deux ans, j'ai reconstitué leur crime dément, sans juger, mais sans excuser, en ne pouvant me défaire parfois, en dépit de la monstruosité de leurs actes, d'une certaine ironie face à ces mômes qui n'avaient rien dans le crâne», a dit l'auteur, qui a modifié le nom des protagonistes.

Par ailleurs, les prix du Premier roman français et étranger -- un prix fondé en 1971 dont le jury est composé de critiques littéraires -- ont été décernés mercredi respectivement au Français Marien Defalvard, pour «Du temps qu'on existait» (Grasset) et à l'Américain Nic Pizzolatto, pour Galveston (Belfond).