Dans Dernier inventaire avant liquidation, paru en 2001 , Frédéric Beigbeder commentait la liste des 50 meilleurs livres du XXe siècle établie par les lecteurs français. Avec Premier bilan après l'apocalypse, sorti en octobre, Beigbeder profite de la «menace» du livre numérique pour dresser sa liste personnelle des romans à sauver avant la disparition du papier. Son «hit-parade», il l'avoue, est «subjectif, injuste, bancal, intime». Inutile de s'excuser, c'est le propre des palmarès que d'écarter brutalement, sans explications, des candidats de qualité au profit du goût du jour.

La parution du livre de Beigbeder nous a servi de prétexte pour établir une liste de 20 romans québécois à sauver de l'oubli. Lassés par les éternels « tops des meilleurs romans », toujours esclaves de l'actualité la plus chaude quand ils sont faits dans l'année, et du canon le plus rigide quand ils doivent résumer un siècle, nous avons pensé à ces livres coincés au Purgatoire pour des fautes qu'ils n'ont pas commises. Écartés par la censure, la mode, l'incompréhension, une production trop généreuse, par le désintéressement et l'oubli surtout, ce sont des romans qu'on ne cite jamais dans les listes et dont on ne comprend pas le triste sort, parfois.

Mais qu'est-ce qui explique le Purgatoire ? Plus que l'apparition du livre numérique, qui pourrait bien sauver, qui sait, certains titres perdus dans les limbes, c'est la disparition de certaines maisons d'édition ou un chaînon manquant dans le relais des passeurs qui semblent être à l'origine des éclipses frappant des écrivains de talent et des oeuvres dont l'empreinte aurait dû perdurer.

Dans ce lot, il y en a sûrement aussi qui évoluaient en marge des grands mouvements artistiques de leurs époques, ou, peut-être, qui marchaient trop vite pour eux. Il y a certainement des écoles de pensée qui ne dérogent pas de la liste officielle des classiques de notre littérature qu'on devrait revoir un jour. Il y a naturellement, à chaque nouvelle génération d'écrivains, une relecture de l'héritage, où l'on choisit ses pères et mères littéraires. Enfin, il y a bien sûr le rythme effréné des parutions, où chaque roman semble en chasser un autre.

Nous avons donc demandé à des écrivains, des éditeurs et des journalistes de nous proposer des romans québécois à sauver du purgatoire, sans contrainte d'époque. C'est subjectif, injuste, bancal et intime... mais c'est un début.

>>> Voyez notre liste, encore plus longue, exclusive sur lapresse.ca