Des livres sur Pink Floyd, il y en a eu des centaines, voire des milliers. Mais cet essai de Michele Mari se démarque de tous les autres.

Dans un format hybride original, qui mélange fiction, critique et délire psychanalytique, l'auteur italien fait le procès de Pink Floyd, en faisant témoigner les membres du groupe, mais aussi des personnages périphériques, comme le frère de Roger Waters, la soeur de Syd Barrett, l'ingénieur Alan Parsons, le cinéaste Michelangelo Antonioni, le rockeur Bob Geldof, des musiciens obscurs, des amis, des connaisseurs et même un concierge! Une seule absence, éloquente: celle de Syd Barrett, dont le fantôme rôde tout au long de cet ouvrage choral.

Entre fantaisie et érudition, le résultat est un savoureux exercice de rock'n'littérature. Mari s'interroge sur la profonde identité d'un groupe majeur, dont la carrière en deux volets fut marquée par les psychoses de l'un (Barrett) et les névroses de l'autre (Waters). Mais la réponse Dieu merci n'est pas plus claire que les textes obscurs de la formation.

L'ultime Pink Floyd se trouve-t-il dans les pépites psychédéliques des années 60 ou les chefs-d'oeuvres polis des années 70? «L'homme cheval» (Waters) aurait-il fleuri sans la graine du «diamant fou» (Barrett)? Au jury de trancher.

Pink Floyd en rouge, Michèle Mari, Roman Seuil, 300 pages.