Comment une écriture aussi aérienne et épurée peut-elle évoquer une telle impression d'enfermement? C'est la question qu'on se pose après avoir lu Sous béton, troisième roman de Karoline Georges.

Transformation et sublimation sont les thèmes de l'écrivain, et le personnage de Sous béton n'y échappe pas. Depuis sa naissance, il vit dans cet immeuble de Béton Total, où est ensevelie l'humanité depuis des générations, sans possibilité d'en sortir. L'immeuble est cerné par des expulsés qui viennent s'y briser et pourrir.

Comme si ce n'était pas assez, la menace d'une contamination est omniprésente, et le narrateur est enfermé dans une pièce du Béton Total en compagnie d'un père et d'une mère infanticides, d'une violence inouïe. Mais c'est par sa conscience qu'il vivra le début d'une libération, lorsqu'il découvrira sa «singularité».

Assez inclassable, cet exercice d'écriture qu'on ne peut percevoir comme un traditionnel roman d'anticipation, tant l'inquiétante étrangeté qui s'en dégage pourrait tout autant appartenir au fantastique, au roman psychologique, qu'à une expérience poétique.

Il se pourrait bien que Karoline Georges ait créé un nouveau genre, le roman claustrophobe, mais elle prouve que malgré toutes les contraintes, un écrivain peut créer les mondes les plus impensables par la seule force de son imagination.

Sous béton, Karoline Georges, Alto, 187 pages