Violoncelliste, compositeur de musique contemporaine et romancier, Nicolas Gilbert livre cet automne son troisième roman.

La fille de l'imprimeur est triste s'éloigne du monde de la musique, où se déroulaient les deux précédents, et l'auteur y signe un exercice de style intéressant à défaut d'être flamboyant. Il met en scène deux héros: le premier s'appelle François Meunier, est traducteur et rate sa vie tranquillement à Toronto.

Le deuxième s'appelle aussi François Meunier, ressemble étrangement au premier et a été condamné à l'exil après avoir tenté d'assassiner le roi de France Louis-Philippe en décembre 1836. Lorsque le premier découvre l'existence du deuxième, il retrouve l'inspiration et le goût d'écrire un roman les deux histoires se répondent ainsi, entre la vie inventée du François Meunier en exil, devenu photographe à La Nouvelle-Orléans tout en se languissant de son amoureuse restée à Paris (la fille du titre), et les tergiversations du romancier.

Les prénoms, les détours du destin et l'action se télescopent entre les deux récits et trouver leurs similitudes devient un jeu. Dommage cependant que les aventures du François Meunier du XIXe siècle soient plus palpitantes que celles de celui d'aujourd'hui: cela enlève beaucoup de force à un roman intelligent, mais sans éclat.