L'homme de lettre, journaliste et poète Paul-Marie Lapointe est décédé mardi matin d'une grave maladie à l'hôpital Mont-Sinaï, de Montréal, a annoncé sa maison d'édition. Il était âgé de 81 ans.

Auteur d'une dizaine de recueils de poésie, M. Lapointe a imprimé sa marque dans le paysage littéraire du milieu du siècle. Certains de ses recueils deviendront des classiques de la poésie québécoise. Toute son oeuvre est profondément influencé par les surréalistes européens.

Paul-Marie Lapointe participera aussi à la création de la revue Liberté en 1959.

Il a ensuite publié jusqu'en 2002.

En parallèle, M. Lapointe mène une brillante carrière de journaliste, occupant pendant plus de vingt ans le poste de directeur de l'information à la radio de Radio-Canada, de 1969 à 1991. Il a aussi oeuvré au sein de la rédaction de La Presse et du magazine Maclean's.

Il avait reçu le prix Athanase-David en 1971, le prix du Gouverneur général du Canada en 1972, et le prix Léopold-Sédar-Senghor en 1998.

Paul-Marie Lapointe est né le 22 septembre 1929 à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean.

Avant d'avoir soufflé 20 bougies, il publie Le Vierge incendié, un recueil de poésie qui s'est taillé une place dans les annales des lettres québécoise. Nous sommes en 1948. Le manifeste Refus global vient de paraître quelques mois plus tôt, chez le même éditeur.

Rejetant complètement le mode réaliste, le poète s'inscrit plutôt dans le courant automatiste auquel s'identifiaient plusieurs jeunes artistes européens de l'entre-deux-guerres, et les signataires du Refus global au Québec.

«La poésie, c'est presque devenu pour moi une façon de transformer le monde. Pas le monde abstrait, le monde concret», confiera-t-il plusieurs années après, en 1964, au micro de Michel Roy, de Radio-Canada.

Suit un long silence poétique de plus d'une dizaine d'années.

M. Lapointe se fait embaucher par La Presse au milieu du siècle. Mais les relations de travail qui s'enveniment et la façon de pratiquer le journalisme à cette époque lui font lâcher prise. Un abandon positif pour ses amateurs, puisque c'est ainsi qu'il retournera à la poésie.

«Cette vie quotidienne, le travail quotidien de journaliste entre 1950 et 1960 à un moment donné après 6-7 ans, tout ce que le journalisme, tel qu'il était, pouvait me donner au point de vue métier et au point de vue possibilité d'expression avait atteint une certaine limite», relatait-il peu après, en 1964. «J'ai cherché à m'exprimer autrement.»

Il demeure journaliste, quittant toutefois La Presse pour Le Nouveau Journal, le magazine canadien anglais Maclean's, puis Radio-Canada, où il demeurera jusqu'en 1991.

Il remportera le prestigieux prix du Gouverneur général du Canada en 1972 pour son recueil Le Réel absolu, un ouvrage qui a trouvé une place de choix dans les bibliothèques des amateurs de poésie.

«C'est une sorte de critique de la vie quotidienne, pour moi la poésie», affirmait-il en 1964.

Son dernier recueil, Espèces fragiles, est paru à l'Hexagone en 2002.

La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, Christine St-Pierre, a «exprimé sa tristesse devant le départ d'un homme qui a contribué de façon importante à la culture québécoise».

«Un grand de la littérature québécoise s'est éteint aujourd'hui. Il laisse une oeuvre où sa vision nord-américaine s'amalgame au surréalisme européen pour donner naissance à des images et des raccourcis poétiques pleins de sens.

«On le regrettera aussi pour sa contribution à la qualité de la presse écrite et électronique», a écrit dans un communiqué la ministre St-Pierre, une ancienne journaliste de Radio-Canada.