Philip Levine, connu pour ses poèmes sur la classe ouvrière, a été nommé le nouveau poète lauréat des États-Unis. La Bibliothèque du Congrès américain a annoncé mercredi que l'écrivain de 83 ans succéderait à W.S. Mervin cet automne.

Le gagnant, qui reçoit une bourse de 35 000 $ et le titre de poète lauréat consultant en poésie, sera en fonction d'octobre à mai. Richard Wilbur, Joseph Brodsky et Robert Pinsky font partie des anciens honorés.

«Je suis une personne plutôt irrévérencieuse et, la première chose que je me suis dite, c'est: "Ce n'est pas pour toi, tu es un vieux syndicaliste"», a déclaré M. Levine lors d'un récent entretien téléphonique depuis sa résidence de Fresno, en Californie.

«Mais je savais que, si je ne l'acceptais pas, je m'en voudrais. Je me suis dit: "C'est pour toi. Tu pourras t'adresser à un public plus large qui t'attend depuis des années"», a-t-il ajouté.

L'auteur a remporté presque tous les prix littéraires existant mais est le moins élitiste des poètes. Né à Détroit, il a travaillé dans des usines de construction automobile lorsqu'il était jeune et a passé des décennies à raconter et à célébrer la vie des ouvriers tout en s'inquiétant de leur sort.

Parmi les récompenses récoltées par le nouveau poète lauréat figurent le prix Pulitzer en 1995 pour The Simple Truth et le National Book Award en 1991 pour What Work Is.

«Philip Levine est l'un des plus grands poètes narratifs d'Amérique», a affirmé le bibliothécaire du Congrès, James H. Billington, dans un communiqué. «Pendant un demi-siècle, son lyrisme franc s'est fait le champion de l'art de raconter »la vérité toute simple« concernant le travail dans les manufactures automobiles de Détroit, comme il l'a fait, et les durs efforts que nous faisons pour donner un sens à notre vie.»

Les poètes lauréats ont peu de fonctions officielles et les titulaires ont souvent profité de l'occasion pour travailler sur des projets personnels.

«Je ne veux pas m'éparpiller mais, en même temps, j'aimerais utiliser ce privilège pour attirer l'attention sur certains des sujets qui me préoccupent», a révélé M. Levine.

«Il y a beaucoup de poèmes américains qui ne sont presque pas connus et qui devraient l'être. En tant que poète qui n'a pas été publié depuis longtemps, je sais ce que c'est de ne pas être lu», a-t-il expliqué. «L'autre chose que j'aimerais faire, c'est de rejoindre les lecteurs. J'aimerais aussi attirer l'attention sur le type de personnes dont je parle dans mes vers.»