Les vacances arrivent, c'est le temps de faire un peu de rattrapage littéraire. Parmi la multitude de livres québécois publiés depuis la rentrée de septembre, lesquels valent la peine qu'on y revienne, et pourquoi? Voici 15 suggestions parmi ceux qui ont retenu notre attention au cours de l'année littéraire.

La constellation du lynx de Louis Hamelin (Boréal)

Parce qu'un écrivain peut détruire les mythes et les légendes dont s'enrobent les périodes sombres de l'histoire, parce qu'à certaines fictions on peut en opposer d'autres, et parce que Louis Hamelin vient de récolter beaucoup de prix pour ce roman, un incontournable de l'année. Ou la crise d'Octobre comme si vous y étiez. (Chantal Guy)

L'homme blanc de Perrine Leblanc (Le Quartanier)

Parce qu'il s'agit d'un premier roman qui a surpris tout le monde en remportant le Grand Prix du livre de la Ville de Montréal et qu'il sera publié en France dans la célèbre collection blanche de Gallimard. (C.G.)

La patience des fantômes de Rachel Leclerc (Boréal)

Parce que cette saga familiale gaspésienne est tout sauf banale et que sa structure narrative et son écriture maîtrisée en font une oeuvre aboutie et puissante. Et parce que l'aïeul Joachim Levasseur, bâtisseur et homme d'action hors du commun, est un véritable héros, comme il s'en fait peu dans la littérature québécoise. (Josée Lapointe)

Photo: Marco Campanozzi, collaboration spéciale La Presse

La Constellation du lynx de Louis Hamelin

Le sablier des solitudes de Jean-Simon DesRochers (Les Herbes Rouges)

Parce que la polyphonie de DesRochers n'est pas seulement une posture esthétique, mais une façon de voir le monde. Et qu'on ne s'y ennuie jamais. Ou comment vivre un carambolage monstre de l'intérieur. (C.G.)

Attraction terrestre d'Hélène Vachon (Alto)

Parce que cette rencontre improbable entre un croque-mort excentrique et un pianiste solitaire sur le déclin est émouvante, oui, mais aussi teintée d'humour noir et bourrée de dialogues réjouissants. Parce que ce roman pétillant et sensible est une oeuvre intelligente sur l'ouverture aux autres, l'amitié et la mort. (J.L.)

Je voudrais qu'on m'efface d'Anaïs Barbeau-Lavalette (Hurtubise)

Parce que la réalisatrice réussit à faire vivre au-delà de la dernière page des personnages d'enfants inspirés de ceux qu'elle a côtoyés dans Hochelaga en collant à leurs pensées et leur langage parfois cru et maladroit. Parce que même s'ils arrivent à l'adolescence avec un lourd bagage familial, on est touché par la force qui les pousse à sauver leur peau et par le lien très fort qui les unit à leurs parents, si «poqués» soient-ils. (Marie-Claude Girard)

Atavismes de Raymond Bock (Le Quartanier)

Parce qu'il ne faut jamais oublier la violence des origines, malgré le confort et l'indifférence. Les nouvelles percutantes de Raymond Bock remontent le fil de l'histoire du Québec et démontent l'ADN de nos angoisses collectives. À lire en pleine tourmente du PQ... (C.G.)

Polynie de Mélanie Vincelette (Robert Laffont)

Parce qu'on parle rarement du Grand Nord, et rarement sans user d'un exotisme suranné. Polynie, ça se passe, enfin, aujourd'hui. Et pour la tendresse entre deux frères ennemis. (C.G.)

Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier (XYZ)

Parce que ce livre sur l'amitié et la liberté nous donne envie de vivre très, très vieux. Parce que cette histoire inspirée des grands incendies qui ont ravagé le nord de l'Ontario entre 1910 et 1920 est une ode à l'amour, à la solidarité et au droit à la deuxième chance. Et parce que Jocelyne Saucier nous permet, un peu, d'apprivoiser l'ombre menaçante de la mort. (J.L.)

Bizango de Stanley Péan (Les Allusifs)

Parce qu'on ne peut pas résister à un polar fantastique qui se passe à Montréal dans les quartiers dont on ne parle que dans les journaux et peu dans les romans. Une enquête policière sur fond de vaudou? Yes, sir! (C.G.)

Dragonville Tome 1 - Porcelaine de Michèle Plomer (Marchand de feuilles)

Parce que ce roman à cheval entre le Hong-Kong du début du XXe siècle et les Cantons-de-l'Est d'aujourd'hui est empreint de sensualité, de merveilleux et d'exotisme. Parce qu'entre le fantastique et le questionnement existentiel, Dragonville est une lecture à la fois légère et sincère sur l'identité et l'appartenance. (J.L.)

Les bouteilles de Sophie Bouchard (La Peuplade)

Parce que cette histoire d'espoirs déçus, rencontre explosive de trois êtres dans un phare au milieu du fleuve, est à la fois éthérée et écologique. Parce que ce roman d'eau et de vent raconte sans prêchi-prêcha les grands maux de l'humanité, le gaspillage éhonté des ressources, le manque de compassion. Et pour cette dernière phrase: «On a soif», qui résonne longtemps après qu'on eut refermé le livre. (J.L.)

Les 50 ans de la revue Liberté (Le Quartanier)

Parce que ce n'est pas tous les jours qu'on nous offre un panorama des meilleures plumes du Québec qui ont écrit sur les enjeux culturels et politiques des 50 dernières années. (C.G.)

Le héros de Gand de Nikos Kachtitsis (Boréal)

Parce qu'on vient de découvrir que Montréal a son Kafka, et qu'on attend la suite de la traduction du grec au français de son oeuvre, célébrée en Grèce, inconnue ici, il faut lire Kachtitsis, qui renaît de ses cendres 40 ans après sa mort. (C.G.)

Illustrado de Miguel Syjuco (Christian Bourgois)

Parce que ce premier roman ambitieux et exigeant a valu à son auteur, Montréalais d'adoption, le Man Asian Prize 2008. Parce que cette quête d'un jeune écrivain sur les traces de son mentor décédé mystifie le lecteur en créant une fiction sur la fiction en mélangeant le vrai et le faux. Parce que cette inclassable fresque familiale fait découvrir les Philippines, pays méconnu au passé colonial complexe. (M.-C.G.)