Que nous réserve la rentrée littéraire québécoise? Une bonne base d'auteurs renommés, une généreuse portion de jeunes auteurs en effervescence, plusieurs tranches d'essais, des traductions qui ont fait leurs preuves, le tout servi avec une volumineuse fournée de premiers romans.

D'abord, les grands noms. Valeur sûre du monde de l'édition, Marie Laberge publie un nouveau roman le 26 octobre, chez Boréal. Revenir de loin raconte l'histoire d'une femme amnésique qui noue une relation avec un jeune voyou.

Toujours chez Boréal, plusieurs titres retiendront l'attention: La constellation du lynx, de Louis Hamelin, une volumineuse fresque sur la crise d'octobre, à la mi-septembre; Un dé en bois de chêne, un recueil de nouvelles de Suzanne Jacob, en octobre; Espèces, de la sino-montréalaise Ying Chen, finaliste du Fémina en 95 et Tiroir No 24, de Michael Delisle, tous deux publiés en août.

Chez Québec Amérique, Jean-François Beauchemin narre dans Le temps qui m'est donné la vie de six enfants baignant dans une atmosphère intellectuelle. Sur un thème familial, Claude Jasmin propose un récit autofictif autour de son père dans Papamadi, chez VLB.

Victor-Lévy Beaulieu lui-même republie son «autoroman» Bibi chez Grasset, à Paris, et lance ici, chez Trois-Pistoles Ma vie avec ces animaux qui guérissent, un étonnant récit sur le rapport qu'il entretient depuis l'enfance avec sa ménagerie.

Chez Stanké, l'éditeur et ancien felquiste Jacques Lanctôt publie Les plages de l'exil, le récit de ses années d'exil à Cuba, «avant que d'autres ne tentent de l'inventer de toutes pièces».

Juste à temps pour le Salon du livre, en novembre, Michel Tremblay lance Le passage obligé (Leméac), suite des Traversées et point final de la diaspora des Desrosiers. On retrouve Nana enfant, en Saskatchewan.

Des titres prometteurs

Leurs précédents ouvrages avaient attiré l'attention. On est curieux de les retrouver.

Mathyas Lefebure, le publicitaire devenu berger qui avait suscité un certain engouement avec D'où viens-tu, berger? en 2006, revient en septembre avec Le grand livre des fous (Leméac). Dans les années 70, un gamin grandit chez sa grand-mère qui héberge des désinstitutionnalisés.

On connaît Anaïs Barbeau-Lavalette pour son travail de cinéaste et pour son engagement avec le Dr Julien. Son premier roman, Je voudrais qu'on m'efface (Hurtubise), met d'ailleurs en scène trois enfants négligés du quartier Hochelaga.

Le journaliste Nicolas Langelier, qui a signé longtemps dans nos pages les «10 000 choses qui sont vraies», présente Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles. Un roman qui emprunte le style des manuels de psycho-pop pour raconter la mort du père et les rêves qui s'effilochent.

Chez XYZ, deux auteurs à surveiller: Bertrand Gervais, Comme dans un film des frères Coen, en septembre et Emilie Andrewes, Les cages humaines, en octobre. Aux Éditions du Septentrion, signalons aussi La pureté, un nouveau roman de Vincent Thibault, l'auteur des Mémoires du Docteur Wilkinson.

L'acteur Jean-François Casabonne publie en octobre un nouveau livre chez Fides, L'homme errata, sur les thèmes de la liberté, du désir, de l'amour et de la paternité. Quant au fondateur de Coups de tête, Michel Vézina, il publie ces jours-ci Zone 5, la suite de son roman d'anticipation Élise.

Des traductions



Du côté des traductions d'auteurs canadiens ou étrangers, les éditeurs québécois proposent un éventail intéressant. Chez XYZ, il y a bien sûr Yann Martel, avec la version française de Béatrice et Virgile, une fable sur l'Holocauste. Et aussi, La montagne d'or, de Wayson Choy, l'histoire d'un jeune immigré chinois dans le Chinatown de Vancouver dans les années 40.

Chez Leméac, mentionnons Le droit chemin, nouveau titre de David Homel, et L'école des films, ou l'éducation cinématographique d'un jeune homme par son père, de David Gilmour. Aux éditions De la pleine lune, l'anglo-montréalais Trevor Ferguson publie Sous l'aile du Corbeau.

Après L'indésirable, de Sarah Waters, Alto propose en octobre Le soldat de verre de Steven Galloway.

Les Allusifs misent beaucoup sur Sous un ciel qui s'écaille, de Goran Petrociv.

Flammarion Québec met de l'avant En plein coeur, premier polar de Louise Penny. Dans le même genre, Alire réunit en un seul volume les meilleures nouvelles policières récompensées par le prix canadien anglais Arthur-Ellis.

Découvertes et premiers romans



Se cache-t-il une nouvelle Kim Thuy, succès surprise de l'automne dernier, parmi l'abondance de premiers romans québécois? Impossible de tous les nommer. Signalons toutefois le prix Robert-Cliche, à Louise Lacasse (voir autre texte).

Aussi, Épique, de William S. Messier chez Marchand de feuilles. Le récit d'un été de déluge, en pick-up dans les Cantons de l'Est. Si la tendance se maintient, de Pierre-Marc Drouin (Québec Amérique) raconte l'apprentissage d'un jeune homme qui «incarne ni plus ni moins qu'un Québec qui ne se choisit pas».

Les découvertes, on les trouvera peut-être du côté de Zanipolo, un conte coloré dans la Venise du XVIIIe siècle, de Marc Ory, chez Triptyque. Ou encore chez Sylvain Meunier, qui publie fin septembre La nuit des infirmières psychédéliques, à La courte échelle. Complot, mystère et humour jusque dans les tréfonds du tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine.

Chez Triptyque, Lucie Ledoux relate dans Un roman grec l'histoire d'une petite «pure laine» dans le quartier multiethnique de Parc-Extension. Les Malins lance Éparpillé premier roman de Benoit Roberge, connu d'abord pour les capsules web le mettant en vedette.

Les Éditions du Sémaphore proposent Une nouvelle chasse l'autre, d'Hélène Ferland. Tandis que Le Quartanier lance une nouvelle collection de romans et nouvelles nommée Polygraphe. Les deux premiers titres: La ballade de Nicolas Jones, de Patrick Roy, et L'homme blanc, de Perrine Leblanc.

Des romans historiques



Les nombreux lecteurs de Michel David, mort cet été, ne manqueront pas le 4e tome d'Un bonheur si fragile chez Hurtubise en novembre. Dans un tout autre monde, Damné, de l'historien et muséologue Hervé Gagnon, prend place dans le pays cathare du XIIe siècle.

À noter aussi, un troisième tome de La fille du pasteur Cullen, de Sonia Marmen, (Québec Amérique). Et Jour de tourmente, Montréal au temps de la variole, de Marie-Claude Boily (VLB).

Essais, récits, bio



En novembre, l'ex-première dame du Canada Margaret Trudeau publie une autobiographie où elle lève le voile sur la maladie bipolaire avec laquelle elle vit depuis l'enfance (Flammarion Québec).

La journaliste littéraire Danielle Laurin publie Promets-moi que tu reviendras vivant, une série d'entretiens avec des gens qui, comme son compagnon, pratiquent le métier de reporters de guerre.

Aux Éditions de l'Homme, Mia Dumont, rassemble L'apprenti-sage, Tome 2 une sélection des meilleures entrevues radiophoniques de Gilles Vigneault.

Gagnante du prix des libraires pour Le ciel de Bay City, Catherine Mavrikakis réunit ses chroniques web dans L'éternité en accéléré, chez Héliotrope.

Bonne rentrée, bonne lecture!

Photo: Rémi Lemée, archives La Presse

Le premier roman d'Anaïs Barbeau-Lavalette, Je voudrais qu'on m'efface (Hurtubise), met en scène trois enfants négligés du quartier Hochelaga.