Lorsque l'écrivain Bernardo Vorace se réveille de son dernier suicide, la mémoire lui revient peu à peu et le désespoir de son échec avec. Un trou noir dans la tempe, le revolver à proximité. À côté de son lit, son carnet et cette phrase: «Ce soir, je baisse le rideau... Veuille le démon qu'il ne soit pas relevé.» Vorace est-il le diable? En tout cas, il est immortel. Tellement immortel qu'écrire n'a plus de sens.

Il folâtre avec Marta, compagne d'un écrivain nazi sur le point de mourir. Chargé de dactylographier l'anthologie de son oeuvre, Vorace achève le moribond en lui révélant sa propre incapacité à mourir. Puis il s'en prend à son autre compagne, Débora, qu'il jette dans le fleuve. Emporté dans son élan criminel, il organise finalement une arche de Noé diabolique lors d'une soirée costumée où tous ses invités, déguisés en animaux, seront dévorés par les flammes.

Loufoque, surréaliste, halluciné, ce récit décousu sert de prétexte à un univers grotesque et onirique qui tend au poème en prose. Doté d'une verve poétique qui semble inépuisable, le narrateur fait se rencontrer dans les descriptions les objets les plus bizarres. Tenter de définir cet ovni littéraire force à multiplier les adjectifs excluant le registre réaliste.

On peut rester des minutes entières à rêvasser sur une page, sans savoir si on doit rire ou angoisser à la lecture de ce foisonnement d'images inédites brouillant toute compréhension rationnelle du monde, nous en faisant au contraire ressentir toute l'étrangeté.

Le don de Vorace

Félix Francisco Casanova

éd. Les Allusifs

163 pages,

24,95$

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