Olivier Rolin pratique l'autofiction en truffant ses écrits de références historiques et littéraires érudites. Cela est de nature à accrocher ou à faire décrocher ses lecteurs, c'est selon.

Bakou, derniers jours est un récit qui prend appui sur un roman précédent, le très formaliste Suite à l'hôtel Crystal, paru en 2004. Il y annonçait son suicide en 2009, dans la chambre 1123 de l'hôtel Apchéron de Bakou.

 

La capitale de l'Azerbaïdjan sert donc de prétexte à plusieurs réflexions sur la mort, mais aussi de point de départ à un voyage dans le Caucase dont il nous livre ses impressions. Quant au suicide, il faudra repasser: la chambre 1123 a (mal)heureusement été démolie, constate-t-il à son arrivée.

Rolin émaille son récit de plusieurs photographies, la plupart de son cru. C'est un cadreur parfois surprenant, sans artifice. Ses descriptions des champs pétroliers exploités par l'ex-Union soviétique et des raffineries qui tombent souvent en ruine font ressortir son style précis et évocateur. Rolin voit la poésie davantage dans le travail et la négligence de l'homme que dans la nature. Les personnages qu'il rencontre nous convainquent qu'on ne manque pas de bagout à Bakou. Rolin fait aussi une petite escapade au Turkménistan. C'est un prétexte pour ridiculiser le culte de la personnalité de son ancien président Saparmyrat Nyyazow, dont les statues pharaoniques ont toutes été construites par le groupe français Bouygues.

Rolin a beau avoir la tronche d'un grognon, il garde, la soixantaine passée, le coeur bien à gauche.

Bakou, derniers jours

Olivier Rolin

Seuil 2010. 175 pages

*** 1/2