Il s'appelle Liberty. Il est élevé dans la campagne de l'État de New York. Son enfance est heureuse, passée à errer dans les bois et à comprendre des bribes de conversation du grand monde.

Au fil des ans, Liberty fait son apprentissage. Il découvre un jour le dos zébré de cicatrices d'une connaissance de ses parents. C'est son premier contact avec les ravages de l'esclavage.

On lui explique ensuite pourquoi sa mère a rompu avec la sienne: la pieuse Roxana vient d'une famille de planteurs du Sud. Elle ne pouvait plus supporter cette abomination qu'est l'appropriation physique d'un humain.

Il comprend alors pourquoi sa famille est souvent l'objet d'attaques et de vindicte de la part de ses voisins, tout aussi blancs qu'elle. Puis la guerre de Sécession éclate et Liberty est plongé dans le grand traumatisme américain qui le mènera jusqu'à la rencontre de son grand-père maternel.

Ce roman se démarque des autres ouvrages de fiction qui ont abordé ce thème récurrent de la littérature américaine par sa truculence souvent hallucinée et par sa construction éclatée.

Le narrateur est tantôt objectif, tantôt subjectif. On y rit parfois beaucoup, comme dans la scène de l'arracheur de dents dans un parc, mais l'horreur affleure.

Le style de Wright est baroque. Ses phrases sont des torrents d'où jaillissent les métaphores, les références, les contrepoints que parvient à rendre de manière assez juste le traducteur.

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La polka des bâtards. Stephen Wright. Traduction Serge Chauvin. Gallimard, 2010, 412 pages.