L'éditeur Robert Laffont, considéré comme «le grand-père de l'édition française», est mort mercredi à Paris à l'âge de 93 ans, a appris l'AFP auprès de sa belle-fille, la journaliste Alix Girod de l'Ain.

Robert Laffont était le dernier des grands éditeurs à avoir fondé sa maison avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1941.

Il avait édité plus de 10 000 titres dont de très nombreux best-sellers (Exodus, Paris brûle-t-il?), et créé des collections prestigieuses comme «Pavillons» et «Bouquins», avec son complice Guy Schoeller.

Robert Laffont a publié deux livres essentiels de la littérature d'après-guerre: L'Attrape-Coeur de Salinger et Le Désert des Tartares de Buzzati.

Un de ses plus grand succès reste Papillon d'Henri Charrière, les mémoires d'un bagnard vendues à plus d'un million d'exemplaires en 1969.

Fils d'officier de marine, Robert Laffont, né le 30 novembre 1916 à Marseille (Bouches-du-Rhône), licencié en droit et diplômé de l'École des hautes études commerciales (HEC), commence sans conviction une carrière d'avocat avant de se lancer dans l'édition à 25 ans.

Il fonde sa maison dans sa ville natale, alors en zone libre (c'est-à-dire non occupée par les Allemands), et publie Oedipe roi de Sophocle, son premier titre. Son catalogue s'étoffe ensuite rapidement avec Cesbron, Graham Greene, Henry James, John Le Carré, Steinbeck, Dino Buzzati, puis Bernard Clavel, Claude Michelet, Boulgakov, Alexandre Soljenitsyne.

Il introduit en France des méthodes inspirées des États-Unis, aujourd'hui largement répandues, telles que études de marché, à valoir, lancement de best-sellers.

Longtemps méprisé par les intellectuels, il dénonça publiquement «la cuisine» des prix littéraires.

En 1977, il achète le «Quid». En 1986, l'éditeur abandonne la présidence de sa maison, gardant la haute main sur l'éditiorial, puis ne dirigeant plus que sa collection, Aider la vie.

Les éditions Robert Laffont sont absorbées, en 1999, par les Presses de la Cité. En 2004, Robert Laffont prend sa retraite définitive, demeurant néanmoins président d'honneur de sa maison.

Il était considéré comme «le grand-père de l'édition française» car beaucoup de maisons accueillent des hommes et des femmes qu'il a formés.