«Les aiguilles avancent vite, cette nuit, au cadran du destin», écrit le journaliste américain William Shirer dans son Journal de Berlin 1934-1941, ouvrage exceptionnel qu'ont réédité les Presses de l'Université Laval.

Exceptionnel, parce que Shirer fait non seulement partie de ces rares étrangers qui ont été témoin «de l'intérieur» de l'intraitable ascension de l'Allemagne nazie, mais parce qu'il en a consigné ses impressions au fil des années où il y fut le correspondant radiophonique de CBS. Exceptionnel aussi en raison de la lucidité de Shirer, dont les observations nous montrent un autre côté de l'histoire.

Tiens, prenons le blitzkrieg, cette guerre éclair menée par l'Allemagne contre les Pays-Bas, la Belgique et la France en mai 1940. Shirer l'évoque dès... novembre 1939. L'auteur raconte avec maints détails la mainmise de Hitler sur le pouvoir et toutes les manoeuvres qu'ils a utilisées pour étendre sa domination sur l'Europe.

Dans cet empire, constate-t-il dès les premières pages, juif sera synonyme de souffrance et de mort. Il qualifie d'«hommes de glaise» les députés du Reichstag alors que le Mein Kampf de Hitler est, selon lui, «La Bible et le Coran du IIIe Reich».

Mois après mois, année après année, le travail de Shirer devient plus difficile, soumis à une censure cassante, qui préfère lui fait remplacer le mot «invasion» par «franchir la frontière». En décembre 1940, il quitte l'Europe pour rejoindre sa famille, déjà de retour en Amérique. Mieux valait fuir «le tonnerre de toutes les bombes qui détruisent l'idéal et l'honneur des hommes.» Ce document est d'une valeur historique et journalistique unique.

 

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Journal de Berlin, 1934-1941. William L. Shirer. Presses de l'Université Laval, 672 pages, 39,95 $.