André Gide a écrit un jour que ce n'est pas avec de bons sentiments qu'on fait de la bonne littérature. Formule bien connue qui, d'une certaine manière, pourrait s'appliquer au curieux récit intitulé Une toute petite mort du diplomate Michel Leclerc, une oeuvre qui hésite constamment entre le roman noir et le récit psychologique, l'action et l'introspection.

L'intrigue commence de manière magistrale: Kevin Alex, un jeune garçon, assiste au meurtre de son père, abattu au volant de sa voiture à New York, le 11 septembre 2001, au moment même où s'écroulent les tours du World Trade Center. La scène est dramatique, apocalyptique, parfaitement maîtrisée. Quelques années plus tard, Kevin reconnaît l'assassin dans la rue et décide de se venger. C'est dans cette seconde partie que le bât blesse: entre deux épisodes de thriller (recherche du coupable, confrontation, etc), Kevin rend visite à sa mère malade dans un pavillon pour vieillards de Long Island.

Pleins de pathos, ces épisodes longuets coupent le rythme de cette intrigue qui ne manque pourtant pas d'intérêt, notamment quand Kevin découvre qui était réellement son père. Si l'auteur a assez de métier pour nous inciter à continuer notre lecture, il reste que, durant tout l'exercice, le lecteur décontenancé se demande dans quel genre de livre on l'a embarqué. Quant à la vraisemblance de certains épisodes (notamment la relation entre Kevin et le tueur, ou ses incursions intempestives dans le Bronx), comme dirait Kipling, «ceci est une autre histoire!»

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UNE TOUTE PETITE MORT. Michel Leclerc Hurtubise, 256 pages, 22,95 $.