Polza Mancini, 38 ans, obèse et obscur critique gastronomique. Son rêve : tout plaquer et partir pour l'île de Pâques. Il se retrouve plutôt en garde à vue, encadré de deux policiers. Mancini a fait quelque chose à Carole Oudinot. Quelque chose de grave qui a plongé la femme dans le coma. Au commissariat, les flics qui le questionnent cherchent à comprendre. Mais Mancini, si généreux de chair, est avare de mots... Sauf pour dire qu'après avoir vu son père devenu poids plume sur son lit de mort, il a senti une sorte de craquement dans son cerveau. Un blast...

Manu Larcenet, une des étoiles de la bande dessinée française, planche depuis cinq ans sur cet album, le premier d'une série de cinq. Il y a mis, dit-il, toutes ses obsessions : la mort, la dépression, la solitude, la violence, la différence. La quête de sens, surtout. Et ce huis clos lui sert d'exutoire. En noir et blanc, avec feutre et aquarelle, il a accouché d'un album éclaté et puissant où l'idée même de case prend le large. Ou le silence l'emporte sur le bruit. Et hors duquel le lecteur sort sonné. On referme l'album sans en savoir plus sur ce qui a pu arriver à Carole Oudinot. On sait toutefois que Polza, repoussant du dehors comme du dedans, a réussi à ébranler nos convictions.

 

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Blast, tome 1 Grasse Carcasse. Manu Larcenet. Dargaud. 204 pages, 39,95 $.