Les maudits Français! Ceux qu'on aime bien haïr et, parfois, qu'on ne déteste pas admirer, voire envier pour leur maîtrise des trois C, notamment, culture, cuisine et confiance en soi. Parce que les Français se croient, ça oui, uniques au monde. Et le collègue Louis-Bernard Robitaille leur donne en grande partie raison dans son dernier essai: Ces impossibles Français.

En près de 400 pages écrites le sourire en coin, le plus français des Québécois, à moins qu'il ne soit devenu le plus québécois des Français après toutes ces années à Paris, explore le charme des innombrables contradictions des habitants de l'Hexagone, ce qui les rend impossibles, mais irremplaçables.

«Le miracle français consiste donc (...) à marier les contraires et les extrêmes, ou plutôt à les juxtaposer tout en prétendant incarner le juste milieu», écrit l'auteur.

Les Français sont les champions des frivolités: beaux causeurs, fins cuisiniers, grands amateurs d'art et de beauté, sous toutes ses formes. Ils savent aussi réfléchir longuement, disserter tout autant et s'inscrire dans l'histoire avec un grand H. Par contre, documente Robitaille, les Français excellent en exploits futiles, du genre escalade de gratte-ciel à main nue, et échouent bien souvent dans les grandes compétitions sportives.

Tous les Français, ou presque, s'amuse-t-il, sont en train d'écrire un roman, mais peu d'entre eux en lisent vraiment.

Ces impossibles Français nous fait découvrir ces «Méridiens du Nord» au-delà des clichés. Certains passages pourraient paraître rebutants aux lecteurs peu initiés à l'actualité française. On pourrait aussi reprocher à l'essayiste de considérer un peu trop la France de sa lorgnette parisienne.

Mais ces bémols n'affectent pas au finish le plaisir que l'on éprouve à comprendre pourquoi on les aime tant, tout en les maudissant presqu'aussi souvent.

D'ailleurs, la suffisance et le paternalisme que l'on déteste chez eux ressemblent, et c'est gênant, à ce que reprochent les francophones du Canada aux habitants du Québec dans le deuxième roman de Janis Locas, La maudite Québécoise.

L'auteure y raconte les mésaventures d'une jeune femme d'ici partie travailler pour un hebdomadaire de langue française dans une province qu'on devine être le Manitoba. Geneviève Morin débarque là-bas avec ses gros sabots et d'encombrants préjugés. Avec son meilleur français, sa grande culture et ses goûts quelque peu haut de gamme!

Ce récit, qui ressemble à un essai, nous en apprend énormément sur le Québec, vu du Canada français. La protagoniste de La maudite Québécoise trouvera tout de même sa propre voie en surmontant les incompréhensions de part et d'autre et en bâtissant des ponts, au sens figuré.

Il y a là une leçon d'histoire. Nous ne sommes pas, au Québec, les seuls à avoir survécu. Et, avouons-le, nous avons souvent manqué de respect envers des Francos qui pouvaient s'attendre à autre chose que quolibets ou indifférence. Les «Français de France» y trouveraient sans doute matière à des accusations de non-assistance à personnes en danger.

Le roman de Mme Locas possède de belles qualités - personnages bien campés, histoire crédible - mais souffre malheureusement d'une écriture bancale - des métaphores parfois nébuleuses notamment -, et d'une fin inutilement alambiquée. Mais le message n'y perd pas en clarté. Les Québécois ont véritablement quelque chose des Français au sein de la francophonie nord-américaine. Et le titre n'a rien d'enviable.

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Ces impossibles Français. Louis-Bernard Robitaille. Denoël, 384 p. 29,95 $.

La maudite Québécoise. Janis Locas. Triptyque, 215 p. 22 $.