Lire Kafka rend plus créatif. C'est du moins la conclusion de psychologues de l'Université de Californie à Santa Barbara et de l'Université de Colombie-Britannique.

Pour en arriver là, ils ont fait lire une nouvelle de Kafka à 20 étudiants en psychologie de Vancouver. Ils leur ont ensuite présenté des suites de lettres en leur disant qu'il s'agissait d'une langue étrangère et qu'ils devaient essayer de trouver des règles grammaticales régissant cette langue. Des motifs répétés avaient été insérés dans les suites de mots, formant ainsi une grammaire artificielle.

Les étudiants - ou plutôt étudiantes, puisque 75 % des cobayes étaient des filles, comme c'est le cas dans les facultés de psychologie - qui avaient lu Kafka étaient 50 % plus susceptibles de trouver des règles grammaticales pour les suites de mots qui leur étaient présentées.

L'absurdité

La nouvelle de Kafka était Le dentiste de campagne et avait été modifiée pour enlever toutes les références à la mort, afin que la crainte de mourir ne fausse pas les données. La nouvelle est absurde, c'est-à-dire que les événements s'y suivent sans logique apparente.

Selon les auteurs de l'étude, publiée fin 2009 dans la revue Psychological Science, une telle absurdité équivaut à une «menace envers le sens de la vie». Les lecteurs cherchaient à rétablir ce sens perdu et étaient donc plus créatifs pour trouver un sens aux suites de lettres qui leur étaient présentées.

«Des centaines d'études ont montré la validité du principe existentialiste voulant que l'absurde et les autres menaces au sens de la vie renforcent l'affirmation de l'identité, écrivent les psychologues. Nous avons voulu montrer que l'absurde peut mener à trouver un sens dans des situations inconnues.»