Michel Chartrand, qui s'est battu pour les travailleurs, pour les accidentés du travail, pour la langue française et qui s'est aussi approché de la politique n'a, au fond, eu qu'une seule cause: la défense des exploités.

L'oeuvre Simonne Monet Chartrand et Michel - un couple engagé a été lancée, mardi soir à Montréal, en l'absence de Michel Chartrand, qui devait pourtant y être. Âgé de 93 ans et ne se sentant pas bien, a rapporté son fils Alain Chartrand, il est finalement resté chez lui et n'a pas assisté à l'hommage qui lui a été rendu.

La coauteure et éditrice Andrée Yanacopoulo a expliqué avoir écrit ce livre sur ce couple célèbre de l'histoire québécoise pour ne pas que l'on oublie ses combats, le syndicalisme dans le cas de Michel et le droit des femmes et le pacifisme dans le cas de Simonne.

«C'est l'exemple unique au Québec d'un couple qui a agi parallèlement avec le même idéal, mais chacun à sa façon», a-t-elle expliqué en entrevue. «L'idée était commune: venir en aide aux exploités, aux déshérités de la société».

Me Robert Burns, qui avait défendu Michel Chartrand comme jeune avocat, a relaté les péripéties du bouillant syndicaliste de la CSN qui ne voulait jamais se taire, même devant les juges.

«C'était spécial de le représenter, Michel. Des fois, j'étais obligé de le calmer pour ne pas que les juges le mettent dehors. Mais on a toujours été acquitté dans les dossiers de Michel», relate celui qui est juge à la retraite.

Il l'a dépeint comme un combattant qui, au fond, a gagné sa cause, puisque sa cause a toujours été celle des travailleurs.

«Mon souvenir de Michel, c'est qu'il a toujours eu la même cause et c'était la défense des travailleurs, la défense des gens défavorisés. Et il avait raison quand il disait qu'il avait une bonne cause et que c'était normal qu'il soit acquitté.»

L'ancien président de la CSN Gérald Larose, qui l'a côtoyé au Conseil central de Montréal de la CSN, notamment, le décrit comme un homme «extraordinairement efficace».

«C'était un homme bouillant. C'était un homme de conviction. C'était aussi un homme de théâtre, quelqu'un qui connaissait l'art oratoire, les effets de foule. Il savait fort bien manier la parole et les images. C'était un homme qui savait véhiculer ses messages, qui savait doser la charge suivant les auditoires.»

Son fils Alain a précisé que Michel Chartrand lit encore ses quotidiens et suit rigoureusement l'actualité. Il lui parle de politique et de la société québécoise.

«Il trouve qu'il n'y a rien qui avance et que le Québec est dans un mauvais état. Il ne trouve pas que c'est encourageant pour les générations futures», rapporte son fils. Toutefois, Michel Chartrand «n'a jamais été découragé», assure-t-il.