En 2004, on pouvait lire dans La Presse les chroniques de Louis-José Houde, de Bruno Blanchet (toujours publiées dans le cahier Vacances/Voyage), mais aussi celles du guitariste rock Sunny Duval. Comme Houde et Blanchet, les textes de Sunny Duval sont désormais réunis dans un livre intitulé En-d'sous, traduction littérale d'«underground».

Car c'est de cela simplement qu'il s'agit: le quotidien souterrain d'un musicien rock qui vit à Montréal de son art, à des années-lumière des clichés sur les rockeurs. Car Duval ne prend pas de coke, ne se plaint pas quand il ne reçoit pas de subvention (il sort son disque à ses frais, et voilà tout) et ne multiplie pas les conquêtes. Il fait mieux que ça. Il vit la vie qu'il a voulue: «Le p'tit Pauvre est content d'être un pauvre des fois, il l'a un peu choisi. En fait, il l'a choisi le jour où il a tué à grands coups de guitare le médiocre étudiant en électronique qu'il était (...) Depuis, il chante pour des pinottes et/ou de la bière (...). Il est chanceux, le p'tit Pauvre.»

 

Poésie humaine

Duval a profité des années passées pour peaufiner ses textes. Mais ce qui surprend toujours, aujourd'hui comme il y a six ans, c'est l'étonnante poésie humaine qui se dégage des textes de l'infatigable Sunny (qui fait partie des groupes Les Breastfeeders, Patrik et ses Brutes, les frères Rivaux, St-Sipoplette et j'en passe). Poésie parce que le regard du guitariste est celui d'un émerveillé. Je sais, ça fait cucul la praline, dit comme ça, mais Sunny Duval est bel et bien émerveillé par la musique, par Montréal sa ville d'adoption, par les sons qu'il tire de sa guitare, par la beauté des moindres petites choses: «J'aime l'usure. La peinture qui s'écaille, le vernis qui s'en va, une poque, de la rouille, c'est le Temps qui est passé. Tu l'as pas vu, mais tu sais qu'il est passé. Il était chaud, pis il s'est accroché un peu partout.» Bref, en une soixantaine de courts textes «punchés» et aériens, le guitariste-écrivain fait honneur au surnom qu'il s'est choisi: Sunny, l'ensoleillé.

En-d'sous

Sunny Duval

Éditions Coups de tête, 152 pages