Le titre peut tromper. Il n'est ici ni question de dépravation, ni de stupre, mais plutôt de production et de lucre. Daniel Cohen retrace l'histoire de l'économie et de son rapport avec le bonheur.

Sa conclusion première: ce n'est pas tant le niveau de richesses qui rend les humains heureux, mais sa croissance. Là réside d'ailleurs tout le problème actuel.

Au moment où les pays émergents goûtent à l'amélioration de leur niveau de vie, pourquoi s'arrêteraient-ils même si cela représente une ponction de ressources insoutenable pour la planète?

Pourquoi les milliardaires éhontés de la finance renonceraient-ils à acquérir une part accrue de la richesse collective, quitte à nous plonger dans des crises financières qu'ils ont provoquées?

La mondialisation, explique Cohen, fait table rase de tout modèle économique de rechange. Toute l'humanité fonctionne désormais selon un seul mode de production. Le capitalisme s'est imposé sous prétexte qu'il aura permis à l'Occident de s'arracher à la loi malthusienne.

Avant la révolution industrielle, la surpopulation était vaincue par des catastrophes telles les grandes pestes. Cela s'est fait au prix de deux guerres mondiales et de crises financières comme celles de 1929 et de 2008, rappelle Cohen.

Puisque le capitalisme est désormais seul en piste, nous sommes d'autant plus vulnérables à ses faiblesses que nous nous résignions à corriger le tir trop souvent trop tard, comme en font foi l'implosion des civilisations romaine et maya.________________________________________________________________________________________________

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La prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l'économie. Daniel Cohen. Albin Michel, 282 pages, 29,95 $.