Sorj Chalandon, journaliste à Libération, fait partie de ces écrivains nés après la Seconde Guerre mondiale mais qui tiennent à revenir sur la guerre de leurs pères qu'eux n'ont pas faite mais qui forme le décor démonté dans lequel leur enfance s'est vécue.

Tous les chemins mènent à Rommel, si je peux me permettre de l'humour... Mais le chemin que prend Chalandon avec son roman est particulier, il propose un sujet délicat entre tous : le mensonge des pères quant à leur participation à la Résistance.

Son protagoniste est un «biographe familial» qui vend ses services à qui veut, le quidam surtout, posséder un livre sur sa vie. Une fille, à qui son père cheminot confia ses faits de résistant dans les chemins de fer (pensons à La bataille du rail de René Clément), vient voir ce «nègre» et il accepte d'écrire la biographie de son papa, le dénommé Beuzaboc.

Ce biographe sur commande a eu lui-même un père, «résistant», mais ayant rarement parlé de la guerre, n'en parlant plus du tout avec le temps car, avait-il dit, «l'honneur a perdu patience».

Avec Beuzaboc, le biographe privé s'engage: «Nous ne referions pas un livre de plus sur l'Occupation, la Résistance, la saloperie des uns et la beauté des autres. Tout cela sommeillait déjà dans les bibliothèques. Je voulais Tescelin Beuzaboc et lui seul.» Lisez, vous verrez...

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La légende de nos pères. Sorj Chalandon. Grasset, 254 pages, 29,95 $