Avec tout le bien qu'on a dit de son roman Le Ciel de City Bay, on aurait pu penser que Catherine Mavrikakis avait ses chances de remporter le Prix des cinq continents: ça n'a pas été le cas.

Réuni à Paris lundi, le jury présidé par Lise Bissonnette lui a préféré, et de loin apparemment, le Togolais Kossi Efoui, pour son roman Solo d'un revenant, édité par le Seuil.

«Ce qui nous a beaucoup frappés, c'est la liberté d'écriture de Kossi Efoui, a expliqué l'ancienne patronne du Devoir et de la Bibliothèque nationale. Il casse le cadre du roman, pour y mêler la poésie, la fable, le théâtre. L'auteur porte sur la cruauté du monde un regard qui, sans être sanglant, est vif et alerte.»

Le jury du Prix des cinq continents, créé par l'Organisation internationale de la Francophonie, regroupe 12 écrivains issus de l'espace francophone, dont le Prix Nobel Jean-Marie La Clézio, qui a voté à distance. Dix livres étaient en lice, mais le choix s'est fait rapidement. «On a été très impressionnés. La délibération n'a pas été très longue», a admis Mme Bissonnette.

Depuis la création de ce prix francophone en 2001, aucun auteur québécois ne l'a remporté, même si Pierre Yergeau s'en était approché en 2006, à Bucarest, en décrochant une mention spéciale pour La Cité des vents (L'instant même).

Cette année, deux Québécois étaient en lice: Catherine Mavrikakis, donc, pour Le Ciel de Bay City, et Jean Barbe, pour Le Travail de l'huître (Leméac).

La romancière libanaise Vénus Khrouy-Ghata a vigoureusement défendu le livre magnifique de Catherine Mavrikakis, mais elle n'a pas été suivie par ses collègues.

Quand à Jean Barbe, son roman était, parmi les 10 livres dans la course, le «plus abouti de tous sur le plan romanesque», a confié un membre du jury. «Si le Prix des cinq continents était un prix de littérature fantastique, il l'aurait gagné haut la main», a-t-il poursuivi.

Cette remarque repose la question du processus de sélection des finalistes (québécois notamment), dont les livres ne correspondent pas toujours à l'esprit du Prix des cinq continents. Celui-ci «récompense un roman d'un écrivain témoignant d'une expérience culturelle spécifique enrichissant la langue française».

Catherine Mavrikakis, dont le roman a été salué par une partie de la presse française, et par Télérama en particulier, est en lice pour deux prix littéraires français: le Femina et le Wepler, qui seront décernés en novembre.