Quand vous vous appelez Lydie Salvayre, que vous êtes psychiatre et écrivain et que vous avez déjà, magnifiquement influencée par ces deux métiers, publié des romans remarqués comme La compagnie des spectres et La puissance des mouches sur des enfermements psychologiques forts, que votre oeuvre en est à la douzaine de titres et que les traducteurs vous attendent dans 20 pays, il est tentant de ne pas briser le rythme des parutions et peut-être qu'à défaut d'un roman inspiré vous avez l'idée de saisir l'occasion qui passe: votre mari vient de perdre (en partie, pas définitivement) la vue.

Vous allez écrire ce qu'il raconte (il aimait voyager en Asie, il se fit éditeur à Paris) lorsque, couché dans la chambre nuptiale, il parle... Votre plume est solide, votre caractère connu, mais cette fois-ci (piège aveugle de l'autofiction) l'art d'écrire que vous maîtrisiez vous abandonne.

Ce livre est plat. Bernard Wallet, dont les initiales font le titre, est ce mari, éditeur raffiné dont la réputation n'est pas ressortie du milieu de l'édition (il a fondé celles appelées «Verticales», affiliées au Seuil).

Vous l'aimez certes. Vous lui servez de porte-parole quand il déplore l'état marchand de l'édition aujourd'hui. Cela aurait pu faire un rapport, un brûlot. Au contraire, ça se dissout.

Pourquoi s'intéresserait-on aux bonheurs alpinistes d'antan d'un éditeur qu'on connaît mal et qui n'est tout de même pas Lindon ou Corti? Un livre de plus, pour vous; un livre de trop, pour nous.

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BW. Lydie Salvayre. Coll. Fiction & Cie. Seuil, 216 pages, 27,95 $