Un autre palmarès fait son apparition, cette fois-ci sur «Les cent plus belles chansons du Québec», sélectionnées par l'homme de lettres Bruno Roy pour un album ... en version papier.

Le poète et romancier québécois, qui avait déjà écrit quatre livres sur la musique d'ici et fait une thèse de doctorat sur la chanson québécoise, est retourné loin dans son passé, a déblayé le terrain, pour dresser une liste de chansons l'ayant marqué. C'est la maison Fides qui a fait appel à Roy pour avoir ses préférées dans le vaste répertoire des chansons d'ici après avoir lancé «Les cent plus beaux poèmes québécois», une anthologie de Pierre Graveline parue il y a deux ans.

«Ce livre a inspiré le modèle que l'on voulait pour la chanson», a précisé Roy, qui assume totalement la sélection de titres pour ce grand livre de luxe.

«Je ne suis jamais tant moi-même que lorsque je chante», dira Roy, d'entrée de jeu, dans ce livre de plus de 200 pages dédié à Raymond Lévesque, et qui comprend les paroles des chansons retenues.

L'exercice n'a pas été facile, a reconnu celui qui a fait la sélection, compte tenu de la qualité des milliers d'oeuvres produites au Québec depuis plus de 150 ans.

«Comme premier critère, j'ai regardé la qualité des textes» a-t-il mentionné.

On retrouve d'abord quelques classiques du XIXe siècle comme «Un canadien errant», chanson écrite en 1842, des chansons folkloriques, datant du passage de Roy chez les religieuses, et les autres partant de la période de la Révolution tranquille jusqu'à aujourd'hui.

Il n'y a pas de surprises, des incontournables s'y trouvent comme «Gens du pays» de Gilles Vigneault ou «Le plus beau voyage» de Claude Gauthier, deux hymnes nationaux. S'ajoutent diverses oeuvres de grands paroliers: Félix Leclerc, Claude Dubois, Jean-Pierre Ferland, Claude Léveillée, Robert Charlebois, Clémence Desrochers, Luc Plamondon, Raymond Lévesque, Gaston Miron ou Stéphane Venne.

«Ce sont de belles retrouvailles. Pour moi, il est important d'insister sur la transmission du patrimoine culturel. Car ici, au Québec, on a de la difficulté avec ça», a soutenu Roy.

La chanson doit, dit-il, être représentative du contexte dans lequel on vit. D'ailleurs, il ne se cache pas que dans plusieurs chansons, se dégage une conscience nationale et l'inquiétude face à l'avenir.

Bruno Roy n'a pas oublié la nouvelle génération d'auteurs, en choisissant des chansons variées, des  Cowboys Fringants à Ariane Moffatt, en passant par Corneille ou Pierre Lapointe.

Certains choix peuvent surprendre telle la chanson «Comme j'ai toujours envie d'aimer», le classique interprété par Marc Hamilton qui est d'un registre différent. Mais il tenait à l'inclure.

«C'est une chanson qui a été bien écrite, populaire, représentative de son temps. Comme celle de Gilles Bélanger «La mer houle sa houle', chanson inconnue que je voulais inclure», a-t-il insisté.

L'album grand format est agrémenté d'oeuvres visuelles de Diane Dufresne, car l'on tenait, pour illustrer l'album, avoir une personne ayant un rapport avec la chanson.

«J'avais d'ailleurs déjà vu plusieurs de ses oeuvres. La maison Fides a contacté Diane qui a fait montre d'une générosité extraordinaire. Elle a proposé certaines toiles et elle en a même faites en fonction de l'album. Elle a pris ça à coeur, elle y a mis tout son talent», dira l'auteur, visiblement satisfait par cette belle complémentarité.

À travers de nombreux projets, Bruno Roy travaille présentement sur un projet visant à identifier et à analyser 60 chansons dont le seul propos est la langue.

Une chanson comme «Le coeur de ma vie» de Michel Rivard en est un bon exemple mais il faut savoir qu'une première chanson sur notre langue a vu le jour en ... 1858.