Michel Faber s'est fait connaître du grand public avec La rose pourpre et le lys, formidable roman aux élans aussi modernes que victoriens qui, par sa longueur (près de 1150 pages), se donnait des airs de bible.

Il nous revient cette fois, plus... humblement, avec un simple évangile. Mais quel évangile que ce Cinquième évangile qui est en fait une satire hilarante et réjouissante des romans ésotériques - genre Da Vinci Code et autres Âmes brûlées. On y suit Theo Griepenkerl, spécialiste de l'araméen qui travaille dans une université torontoise et n'a d'envergure que dans la taille de son ego. Il est envoyé dans un musée de Bagdad, qui explose sous ses yeux (le conservateur compris).

Une fois la poussière retombée, il trouve neuf rouleaux de papyrus où un certain Malchus a couché ses mémoires. Malchus, contemporain du Christ, qui a assisté à l'arrestation de Jésus, à la crucifixion, à la... peut-on dire résurrection?

Il faut dire que ce témoin de premier plan, dont les écrits tombent, sans jamais avoir été traduits (ni censurés), entre les mains de Théo, a une vision des «faits» - et une manière de les relater, en ramenant tout à sa très petite personne - à horrifier bien des croyants.

Théo, qui traduira le texte et le fera publier, goûtera ainsi à la célébrité qu'il cherchait tant... mais peut-être pas de la manière dont il l'imaginait. Car, irrévérencieux et plein d'un humour british que Michel Faber manie sans «accent» (originaire des Pays-Bas, il a grandi en Australie et vit depuis 1993 en Écosse), Le cinquième évangile est aussi une satire impitoyable et drôle du milieu de l'édition, de l'industrie du best-seller, et de cette quête tellement d'actualité du fameux quart d'heure de gloire.

Un seul défaut: trop court!

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* * * 1/2

Le cinquième évangile, Michel Faber, Éditions de l'Olivier, 204 pages, 27,95 $