Cet ouvrage magnifiquement illustré et mis en pages, ce «roman graphique» est un produit bizarre et déroutant. Dérangeant, voire obscène. Il y est question de la mère, celle de l'auteure peut-être, mais surtout de cette Mère, avec le grand M, devenue personnage; cette pondeuse mythique ici réduite à l'état de vache à lait devenue austère, grotesque et violente.

Mum est une caricature tragique de l'ignoble Maman, grosse et moche, qui réduit tous les rêves de ses enfants à néant par sa seule présence et ses tendances osmotiques.

Les dessins de cette artiste, Céline Guichard, peu connue du grand lectorat, sont déchirants et tirent à la fois des petites larmes amères et des sourires gênés.

Guichard n'oublie aucun détail: le pot de roses est accompagné de miettes de terre, les poils et les ridules des corps vieillissants de papa et maman sont mis en évidence, les objets insignifiants du quotidien y sont scrutés.

Et, dans ses plus beaux et morbides moments, Guichard transforme mère, père et fille en monstres que Lovecraft n'aurait pas désavoués. Ce n'est pas jojo mais c'est vraiment très beau. Seul hic: Le texte (signé Guichard) est plus ou moins accessoire.

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MUM, Céline Guichard, Marchand de feuilles, 113 pages, 19,95 $