L'actrice et chanteuse Arielle Dombasle a fait renaître dimanche soir un texte «sentimental» inédit de Marguerite Duras, écrit pendant la Seconde Guerre mondiale et redécouvert en 2008, lors d'une lecture clôturant les Assises internationales du roman à Lyon.

Ce texte, Caprice, était paru à l'époque, de façon anonyme, dans une édition populaire, Visages de femmes, l'équivalent de la collection Harlequin, ce qui ne manque pas de surprendre concernant l'auteur de Barrage contre le Pacifique ou L'amant.

«Duras avait dit qu'elle avait écrit quelques textes pour gagner de l'argent pendant la guerre. Quand on lit ce texte-là, on voit qu'elle l'a écrit à la va-vite, pour gagner de l'argent. Mais c'est du Marguerite Duras», explique Albert Dichy, responsable de l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (Imec), qui gère des archives d'écrivains.

Ce texte, dont c'était la première lecture publique souligne Albert Dichy, se joue en effet des clichés des romans à l'eau de rose avec cette histoire d'une jeune épouse, aux accents de madame Bovary, fascinée par le corps d'un homme sur une plage de Biarritz, à la fin de l'été.

«Il reposait, accablé de fatigue. Sa bouche bleue du froid de la mer», fantasme la narratrice, prenant vie à travers Arielle Dombasle, seule en scène pendant près d'une heure face à plus de 500 personnes.

L'écrivain Duras apparaît dans la description de ce «froid au coeur» qui étreint la jeune femme quand elle part à la nage, trop loin, pour attirer l'attention du beau baigneur au «petit thorax d'homme, ce petit thorax de rien du tout».

«Je ne voulais pas mourir mais jouer à mourir», dit le texte, qui dépasse avec humour le stéréotype de l'amour de vacances, de l'amant fantasmé, pour évoquer la mort, en cette période de guerre.

«Cela ressemble au Duras de la dernière partie de sa vie. Cette ponctuation, cette syntaxe, cette musique durassienne», explique à l'AFP Arielle Dombasle, fascinée par l'écrivain Duras mais aussi par «la façon dont elle a mis en scène sa vie».

«Elle joue avec des choses comme le désir qui naît, extrêmement visitées par des écrits comme la collection Harlequin. Mais il y a Duras qui est là», dit-elle.

Organisées par la villa Gillet, institution culturelle lyonnaise, les Assises internationales du roman ont réuni pendant une semaine quelque 80 écrivains, dont Pascal Quignard, Colum McCann ou Aharon Appelfeld.