Avez-vous quelques idées reçues sur le Mexique, quelques images en tête? La violence urbaine, le trafic de drogue, la musique des mariachis qui vous casse les oreilles? C'est normal, vous dirait l'écrivain mexicain Juan Villoro, car il a les mêmes. Ces clichés-là, il les démantèle un par un pour mieux jouer avec eux dans son récent recueil de nouvelles Mariachi. Attention, en espagnol le recueil s'appelle Los Culpables («les coupables»), et avec raison. Chaque nouvelle porte sa part de trahison. Dans la première, qui donne son titre au recueil, une vedette de la musique folklorique n'en peut plus d'être un cliché de la culture mexicaine. Et oui, il a subi une trahison, mais peu commune: dans un film où il a joué, et qui a viré à la porno, par la magie du cinéma, on l'a affublé d'un membre énorme. De cliché de la culture mexicaine, il est devenu un cliché de la masculinité. Le pauvre! Le recueil se termine par l'excellent récit Amis mexicains. Un journaliste d'enquête yankee, employé par un magazine style Rolling Stone, arrive à Mexico. Sa mission: enquêter sur la violence dans la capitale. Il est prêt à débourser une bonne liasse de dollars pour faire vivre à ses lecteurs une aventure palpitante. Mais l'arroseur est arrosé, car le journaliste se retrouve victime d'un enlèvement - qui pourrait être vrai ou faux, ou les deux en même temps. Dans chaque nouvelle, tels les chapitres d'un roman, la voix de Juan Villoro est à la fois fantaisiste, incisive, drôle et tendre - un exploit.

 

Mariachi

Juan Villoro

Traduit par Juliette Ponce

Denoël

155 pages, 28,95$

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