Inconnu il y a quatre ans, Vikas Swarup est aujourd'hui un écrivain célèbre et comblé après le succès de son roman adapté au cinéma, Slumdog Millionaire, mais cet émissaire indien basé à Pretoria garde les pieds sur terre et se définit simplement comme un «diplomate qui écrit».

«Je n'ai jamais vraiment pensé que je pourrai être écrivain. C'est seulement une fois en poste à Londres que j'ai commencé à m'essayer à la fiction. Je me qualifierais donc de diplomate qui écrit», estime M. Swarup, numéro 2 de l'ambassade indienne en Afrique du Sud.

Son roman, Les Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire (2005), a été adapté l'année dernière au cinéma par le réalisateur britannique Danny Boyle sous le titre Slumdog Millionaire.

Deux mois avant de quitter son poste en Grande-Bretagne et une fois sa femme et ses deux enfants partis, il avait mis la touche finale aux péripéties d'un Indien de 18 ans, un orphelin des bidonvilles de Bombay accusé d'avoir triché après avoir gagné le jackpot au jeu télévisé Qui veut gagner des millions?.

«Je suis un écrivain chanceux. Il y a des auteurs mille fois meilleurs que moi et qui cherchent toujours un éditeur», affirme Vikas Swarup.

«Moi j'ai trouvé un éditeur presque immédiatement», alors que le manuscrit était seulement une «première ébauche», se rappelle ce quadragénaire lors d'un entretien avec l'AFP près du Cap, ville du sud-ouest de l'Afrique du Sud.

Traduit en 41 langues, le livre a été adapté en pièce de théâtre pour la radio et en comédie musicale. Il a notamment obtenu en 2007 le «Prix grand public salon du livre» à Paris. L'année suivante, son roman est porté à l'écran: Slumdog Millionnaire triomphe à Hollywood où il remporte huit Oscars.

Fort de ce succès, M. Swarup continue sur sa lancée. En poste en Afrique du Sud, il finit en 2008 son deuxième roman Six suspects. Ce livre sur un mystérieux meurtre dans l'Inde contemporaine sera également adapté au cinéma.

L'écrivain prévoit déjà d'entamer son troisième livre une fois à Osaka, où il prendra ses fonctions en juillet. «Ce sera un roman conventionnel», prévient-il sans en dévoiler l'histoire qui se déroulera cette fois-ci dans un pays imaginaire, loin de son Inde natale.

Avant de commencer à publier, ce diplomate assure avoir reçu l'aval des autorités indiennes. Avec son premier roman, il a jeté un regard cru sur la pauvreté dans la première démocratie du monde.

«Je ne suis pas sur la défensive par rapport à ce que j'écris car, au fond, je suis extrêmement optimiste sur l'Inde et cela transparaît également dans mes romans. Cela montre des gens qui luttent pour survivre mais aussi qui réussissent à s'en sortir», constate M. Swarup.

Pour les deux enfants indiens vedettes du film Slumdog Millionaire, Rubina Ali et Azharuddin Mohammed Ismail, le diplomate estime que leur vie «a été touchée par la magie» et ne sera plus jamais la même.

Fin mai, les deux jeunes ont retrouvé une maison à la demande du réalisateur et du producteur du film après la destruction du bidonville illégal de Bombay où ils vivaient.

«Mon seul souhait pour eux, c'est qu'ils profitent du succès du film pour avoir une bonne éducation. Ils ne doivent pas être hypnotisés par les paillettes de Bollywood et d'Hollywood», lance le jeune écrivain.